samedi 31 août 2013

Encore un billet fourre-tout !



Discussion des plus étranges hier avec mes colocs. En fait, Jérôme nous proposait de sortir ce soir. Avec qui, demande-t-on. Avec un gars dont je ne me souviens plus le nom. Je demande qui il est. Eh bien c’est quelqu’un qu’ils ont rencontré…au supermarché. Je n’ai pas eu les détails de la rencontre, mais enfin, je dis, c’est quand même bizarre de donner son numéro à un parfait inconnu qu’on a rencontré dans un supermarché. On m’explique que non, pas tant que ça, soit, mais ce n’est pas encore ça qui est bizarre. Le gars semble avoir un intérêt particulier à connaître Jérôme, parce qu’il est Noir, et que ça court vraiment pas les rues par ici. Là, je trouve vraiment ça très bizarre. Et Camilla de me demander : si tu rencontrais une Indienne en France et que vous commenciez à discuter, tu n’aurais pas envie de la revoir ? Ben… Non. Et c’est cela qui surprend mes colocs. Je me contrefiche de la nationalité des gens, perso. Je veux pas voir quelqu’un parce que il est Haïtien, Japonais, ou Norvégien (ah là, quoi que… Mince, je m’auto-casse :) Enfin bref. J’ai du mal à comprendre cette façon de voir les choses. Mes colocs sont vraiment sympas mais ils sont vraiment incroyablement sociables. Je me demande si ça leur arrive d’avoir envie d’être seuls. Échanger, parler, parler, parler. Multiplier les rencontres. Sortir à la première occasion.
Mon patron m’a demandé pourquoi je ne voulais pas aller à Mumbai. Je lui ai maladroitement expliqué que j’étais mal à l’aise dans les grandes villes. Lui et Camilla essaient de me convaincre que si, il faut que j’y aille. Pas facile d’expliquer que j’ai déjà du mal à prendre plaisir à mon séjour ici. Que je ne me sens pas bien ici. Voilà, c’est dit. Je ne me sens pas bien ici. Et je veux rentrer :) Pas de panique, ça va, et j’irai au bout de mon séjour. Et je reste positive. Et je ne regrette rien de ma démarche. Ce voyage me conforte dans ce que je crois savoir de moi-même, c’est tout. J’y apprends à surmonter mes peurs. On est tous très différents. Si cela revient sur le tapis, j’essaierai peut-être d’expliquer à Camilla que rien que le fait de venir ici était déjà un gros challenge pour moi. Presque chaque jour est un challenge. Aller acheter des légumes est un challenge (challenge réussi, d’ailleurs j’essaierai de revoir les mêmes vendeurs, une mère et son fils ados, ils sont adorables, ce qui n’est pas le cas de tout le monde ici).
Cela dit, je m’entends globalement bien avec mes colocs. Le seul problème, c’est quand les deux filles sont là, car elles sont toutes les deux très bavardes et parlent fort, pas facile de s’intégrer à la conversation. C’est plus facile quand il y en a juste une sur deux :) Ce qui est chouette, c’est qu’on peut apprendre des trucs sur nos cultures respectives, mais aussi sur nos langues, et c’est assez amusant souvent :) Et puis Jérôme et Aïda qui sont là depuis un moment nous parlent aussi de ce qu’ils connaissent de l’Inde. Et ce que j’apprends encore sur le Gujarat confirme le fait que je n’aime pas particulièrement l’état d’esprit ici. Par exemple, il est apparemment difficile de trouver un appart quand on est célibataire, quand on est en couple sans être marié, ou quand on est un étranger. Je trouve que ce genre de choses donne une bonne idée de l’ambiance. J’en parlais à Nath, fait divers que j’ai lu l’autre jour : une femme, désespérée de ne mettre au monde que des filles, s’est immolée par le feu avec ses deux gamines de quatre et six ans. Alors d’accord, ça reste un fait divers, d’accord, les mentalités commencent à changer. Mais ça reste un pays sexiste et quand tu es une femme, tu n’es apparemment pas un être humain comme les autres, tu es une femme.

Bon, et aussi, en parlant de retour, les détails de mon voyage ont un peu changé. Je n’ai pris mon billet qu’hier, et j’ai bien fait, car en fait on ne va rentrer de Goa que… le premier octobre. Dans l’après—midi. Ce qui signifie que juste après, dans la nuit, vers 2h30 du matin, on part à l’aéroport (Camilla a un avion à peu près à la même heure que moi, le mien est à 04h45). Cette fois je prends Qatar Airways et je fais une courte escale à Doha. Je serai à Paris le mercredi 2 octobre à 14h30 (le voyage dure en tout à peu près 13h, je crois. Autant dire que je vais arriver décalquée comme jamais.

En tout cas la santé ça va, à part quelques maux de ventre, j’ai réussi à m’habituer à la chaleur et je dors correctement. Je reviendrai sans doute avec quelques carences faute de savoir vraiment m’alimenter avec les produits locaux, et de ne pas prendre vraiment le temps d’acheter tout ce qu’il faut, mais j’essaie d’équilibrer quand même. C’était la parenthèse destinée aux parents inquiets ;)

Tiens, hier, j’ai regardé Life of Pi, c’était pas mal ! De belles images, en tout cas, et une jolie histoire. Au début je croyais que c’était hyper neu-neu, mais en fait pas tant que ça. Comme c’était l’histoire d’un Indien, je me suis dit que c’était de circonstance :) Et j’aime beaucoup l’acteur qui raconte l’histoire. À  voir !
Mes colocs m’ont fait découvrir leur collection de films Indiens, et j’ai regardé Don, un thriller à l’intrigue assez bien foutue, mais j’ai été assez surprise par les…chansons en plein milieu. Cela dit, il était assez drôle, alors j’ai bien aimé. Oui, en somme, c’était une comédie thriller avec des chansons… Welcome to Bollywood ! Voici une des chansons du film, sans les sous-titres désolée. Notre héros, en cavale accompagné de sa belle, raconte ses malheurs à une bande de fêtards après avoir consommé un peu trop de lait à la marijuana. Le refrain c’est « Eating a paan from Benares », et le paan c’est une préparation de feuilles magiques et de tabac. (par feuilles magiques j’entends des feuilles qui te font rigoler, mais c’est pas de la marijuana). Comme quoi, il semble y avoir un gouffre entre certaines productions bollywodiennes et la réalité dans certains endroits du pays…


Voilà, voilà. Je redécouvre chaque jour la signification de la formule « There is no place like home », vous me manquez tous beaucoup beaucoup !

lundi 26 août 2013

Trucs en vrac



Namaste !
Bonne nouvelle ! Le 21 septembre, je me soule ! (quoi, ce n’est pas une bonne façon de commencer un billet ?)
Et à Goa, s’il vous plaît. Apparemment un endroit célèbre pour ses fêtes. Oui parce que figurez-vous que je suis invitée à la « bachelor party » de mon patron. Je sens que ça va être épique cette histoire. Accha ! (hindi pour « super » ou un peu tout ce qu’on veut en fait. Se prononce « atcha »)

Bon. Comme je le racontais vite fait à Nathalie par mail, hier je suis allée au marché avec Camilla, et je n’y retournerai pas, like never ever.
Je ne m’habituerai pas à la foule, et surtout pas au fait d’être l’attraction locale où qu’on aille, et d’avoir à chaque mètre des hommes qui t’alpaguent – plus ou moins poliment. En fait, j’ai grave flippé là-bas. Cette sensation d’oppression, ce fourmillement humain, ce bruit constant, tous ces regards… Argh.
Je n’arrive pas à me repérer dans cette ville. Le marché était à 20 minutes en rickshaw, et tous les quartiers de ce côté ci de la ville se ressemblent. Mais j’ai vu un éléphant, deux chameaux, et un singe :) C’est vraiment beau, un éléphant. Je n’en avais jamais vu en vrai, et bah ça a la classe c’te bête.
En fait ce marché m’a déprimée, du genre je veux disparaître dans un trou et ne jamais en sortir, ou genre je veux faire un séjour thérapeutique dans les Highlands, et aujourd’hui en pause clope au travail j’ai senti monter l’agressivité en moi du genre : what the fuck are you looking at ? Mais j’ai rien dit, évidemment. Et je me suis dit qu’il fallait que je prenne du recul, et que je regarde les choses avec humour. Et maintenant que Jérôme et Aïda sont revenus, je pense que ça va aller mieux, on se sent toujours plus à l’aise avec plus de monde en environnement inconnu. Après une bonne discussion ce soir sur tout et rien, ça va mieux :) Je me sens plus capable de vivre à peu près sereinement le reste de mon séjour.

Saviez-vous que dans certains États, il y autant de gens qui vivent dans des bidonvilles que d’habitants en France ? Et d’après les prévisions économiques, c’est pas près de diminuer. C’est un cliché, mais voyager dans un pays où il y a beaucoup de pauvre (et non pas dans un pays pauvre, on peut pas dire ça de l’Inde), ça fait vraiment relativiser. On se plaint sans arrêt en France, mais faut aussi se rappeler que la pauvreté c’est beaucoup dans la tête.
Et qui dit argent dit consommation, et là je réfléchissais au niveau de la bouffe, y a quand même des trucs absurdes : en Inde, c’est très facile de consommer local. Presque tout ce que j’achète est fabriqué en Inde, voire au Gujarat. En France, faut se concentrer pour trouver les produits locaux, et c’est pas comme  si on produisait pas assez de bouffe ! Alors on se retrouve à acheter des produits de saison qui viennent d’Amérique du Sud, alors qu’ici tu descends en bas de chez toi et t’as le paysan du coin qui vend ses légumes. C’est ridiculement pas cher et bien meilleur.

Enfin bref. J’ai commencé à manger des trucs dont je me souviens. Ce midi, un dosas fourré à la pomme de terre, et aux des légumes divers parfumés à la coriandre. J’ai goûté les kakhras, fine galette épicée. Y a beaucoup de choses qui ressemblent à des crêpes, qu’on fourre aux légumes et qu’on peut manger avec différentes sauces (dont les sauces à la menthe que j’adore), ou une sorte de yaourt plus fermenté que nos yaourts. Les Indiens sont apparemment autant fans que moi du cumin, et  ça c’est une bonne nouvelle :) J’ai hâte d’aller dans un vraiment bon resto, car je sais que la bouffe indienne peut être absolument fantastique, jusqu’ici je n’en ai eu qu’un aperçu avec des petits restos de bouffe à emporter plutôt ordinaires (enfin aussi ordinaire que puisse être la nourriture ici). Si j’en trouve ici, je m’achèterai un bouquin de cuisine pour refaire quelques spécialités que je vous convierai à déguster :)

Khakhra :



Dosas :



Et le must de la cuisine du Gujarat, le thali, c’est ça :



En somme un repas complet en forme d’assortiment de pains, de sauces, de légumes, et de riz.
Bon app’ si vous passez à table :)

vendredi 23 août 2013

Le sens de l'humour des industries pharmaceutiques

En parlant des effets secondaires dans la notice d'un médicament :



"In rare cases, depression or psychosis can progress to thoughts of suicide, suicide attempts, or completed suicide. If this happens, stop taking the treatment and contact your doctor immediately." 

Tant pis, je vais garder cette énormité, peut-être que ça fera rire des dépressifs.

Vu dans le journal

Mention spéciale au "Stay spiritual 24x7, download the Speakingtree mobile apps". Sans blague ?!

jeudi 22 août 2013

Après une dure journée...

...que c'est bon :)




mercredi 21 août 2013

C'est parti pour ma deuxième semaine !



Il y a une semaine, je débarquais, effarée, dans la chaleur humide étouffante rapidement suivie d’une pluie battante, en voiture avec mon patron dans la folie furieuse des rues d’Ahmedabad qui commence déjà à me paraître normale (à chaque fois je pense à vous Nath et Mathias qui avez facilement peur en voiture, je suis pas sure que vous supporteriez :). Hier, mon rickshaw a même pris une grosse artère à contresens). Son accent — à mon boss— ne me paraît par contre toujours pas normal. Par contre, au bout d’une semaine, je me rends compte que c’est un chic type, plutôt timide en réalité (j’étais d’abord moi-même trop intimidée pour m’en apercevoir), prêt à nous rendre service (notamment pour nous commander la nourriture et nous conseiller là-dessus à midi. À ce propos, ne me demandez pas ce que je mange, la plupart du temps je n’en ai aucune idée ! :)), et plutôt souple au niveau des horaires, et pas du tout dans notre dos à surveiller nos avancées.
Aujourd’hui j’ai fait de la relecture, ce que je n’avais jamais fait en traduction technique, et j’ai bien aimé ! Je commence déjà à être plus à l’aise en traduction médicale, et jusqu’ici tous les documents que j’ai lus ou traduits se recoupent pas mal. Je n’ai fait pratiquement que des textes concernant des médicaments prescrits pour le traitement du sida, des antirétroviraux. (et je crois même avoir une idée assez bonne de la manière dont ça fonctionne). Le vocabulaire et les formulations commencent donc à rentrer. J’espère en tout cas que j’ai fait mieux en traduction que la personne dont j’ai relu le texte, par moments on dirait presque du Google Traduction tellement c’est collé à l’anglais, jusqu’au non-sens, sans problème. Pas évident à relire, mes instructifs, et comme souvent dans le travail de relecture, je repère mes propres défauts et erreurs à travers ceux des autres, ce qui ne peut que m’aider à progresser.
Une journaliste espagnole qui est correspondante de son journal en Inde est passée au bureau, je ne sais pas pour quelle raison, mais en tout cas elle était très sympathique et nous a proposé (à Camilla et moi) de nous voir sur notre temps libre. Dimanche matin, il se peut qu’on aille à un grand marché près de la vieille ville, qu’elle a l’air de trouver super. Elle voulait nos e-mails et quand j’ai sorti ma carte de visite ça a impressionné tout le monde, même mon patron en a voulu une, ahah :)

Je n’ai pas vu grand-chose de la ville pour l’instant, je circule dans une zone assez restreinte, mais c’est déjà assez pour savoir qu’en Inde, il y a des dentistes qui pratiquent dans la rue. Si, si. Et je vous avouerais que ça m’a fait drôle de découvrir le nombre de gens qui vivent littéralement sur le trottoir, vaguement protégés par une bâche. Mais contrairement aux clochards européens, ils ne sont pas saouls et les femmes portent des saris éclatants de couleurs. Je me suis demandée ce qu’ils pouvaient bien faire de leurs journées. Qu’on les passe à boire, je pige, mais là… Quand on voit le degré de pauvreté, même chez des gens plus « riches », on comprend, enfin moi en tout cas, aisément pourquoi les gens sont si religieux. Je pense que dans de telles conditions de vie, il n’y a juste aucun autre moyen de ne pas sombrer dans le désespoir. M’enfin c’est à relativiser bien évidemment, presque tout le monde est religieux ici.
D’ailleurs dans un billet précédent je faisais une comparaison avec la France par rapport à la communauté musulmane, mais je crois qu’elle s’arrête très vite, car la situation est très différente ici. La culture musulmane a marqué durablement le pays, qui a été sous son contrôle pendant très très longtemps. En fait, la mouvance hindoue conservatrice d’aujourd’hui, née de l’Indépendance, semble tenter de compenser un manque (imaginaire ou non) d’affirmation identitaire et politique. Certains Hindous semblent avoir l’impression qu’ils n’ont jamais regagné leur fierté ni leur identité après des siècles de domination étrangère. Le nationalisme Indien est apparemment très fort, et très différent du nôtre car en dépit des heurts communautaires, c’est une nation réellement multi-culturaliste, et je ne pense pas qu’on précise ici que les musulmans sont Indiens, ça va de soi, en fait. En bref, les Hindous veulent faire sentir qu’ils existent et sont fiers de leur culture et mode de vie, il semble y avoir ce besoin de s’affirmer. Enfin, c’est ce que j’arrive à percevoir et à comprendre, ce n’est pas à prendre pour argent comptant :)

Voilà, voilà :) Sinon, je commence à réussir à dormir la nuit, voilà une bonne chose, il était temps ! Je commence aussi à savoir quoi manger et ça y est, je ne meurs plus de faim comme les premiers jours. Hier je suis retournée au supermarché, les amis des légumes devraient tous venir en Inde, c’est hallucinant tous les trucs qu’il y a. Je n’ai pas été encore très aventureuse et n’ai pas encore acheté de légume inconnu, mais la prochaine fois, pourquoi pas !

À très vite pour une nouvelle entrée de ce carnet de bord !