lundi 18 février 2013

Quand je serai grande, je voudrai être chamane...



Oui, je crois que je suis un peu maudite. Invoquer les esprits me coûte. Peut-être très cher. Mais je continue à y croire aveuglément. Tant que la magie se produira, je ne cesserai jamais d’y croire. D’ailleurs, même quand la magie se tarit, je la cherche sans relâche, jusqu’à ce que de nouveau les mots se précipitent, et avec eux, bien plus que la délivrance. Le sens tout entier. La seule chose importante au monde.
Peut-être que je fais bien de choisir une autre voie de professionnalisation. Je crois que si je cherche à rendre mon écriture rentable, ça me tuera. Bien plus sûrement que l’alcool qui me sert de catalyseur. Et j’en ai rien à foutre si ça paraît romantique. Et pour le coup, c’est une telle délivrance de le savoir. Je ne serai jamais écrivaine professionnelle. Au mieux, et je l’espère, je serai chamane professionnelle. Tutoyer les esprits, c’est ça, mon vrai métier. La seule chose qui pourra, peut-être, donner du souffle à mes écrits, c’est cela. J’y exprime mes idées, et oui, c’est vrai, je suis fière de ce que je pense, même si c’est idiot. Mais le souffle. Les idées n’ont pas de souffle. Il faut le truc en plus. Ce fameux truc de l’art, que personne ne vous dira comment trouver. Ce truc qui rend l’entreprise de création absolument (et je n’utilise pas le mot à la légère) solitaire. Unique. C’est la même chose que pour la quête mystique. Un maître, c’est bien. Mais ne comptez pas sur le maître lorsqu’il s’agit de  révélation. C’est entre vous et… Tout ce qui est impossible à nommer. Et ça ne saurait être autrement, puisque le sens du vertige, c’est le sens même de l’existence, du sentiment d’être, je veux dire. Ça ne s’enseigne pas. Peut-être que ça peut se transmettre, mais au mieux, je crois, se suggérer. L’art m’a toujours fait cet effet. L’art m’a toujours donné le vertige.