jeudi 25 janvier 2018

Effeuillage




Du soleil dans les branches, plusieurs fous rires devant Youtube... (j’ai littéralement pleuré devant la série des « Je parle France » de Sad Panda). C’était peut-être ce qu’il fallait, avec d’autres choses, pour briser la mélancolie. Les premières semaines de janvier ont été... dépressives. Cette période de l’année ne me sourit pas. C’est comme un no man’s land traversé par rien mais par des routes solitaires (cet anglicisme est digne d’une Québecoise de souche). Et maintenant, du Nirvana dans les oreilles, je retrouve un peu de l’envie et du goût. parfois, je suis émotionnellement comme enrhumée : je ne sens plus le goût des choses, et ne le sentant plus, je n’en ai plus envie. Alors je m’isole en attendant que ça passe. Parfois, je suis vide même d’énergie, j’ai la tête remplie de brouillard. Rien ne me semble vraiment réel. Soit ça me terrifie, soit ça entretient l’apathie.


C’est presque toujours par la musique de mon adolescence que le cycle se brise. Peut-être parce que quand on est ado, enfin, quand moi j’étais ado, j’ai éprouvé certaines émotions pour la première fois, et généralement, on se souvient de ses premières fois.



J’écoute cette vieille chanson de Placebo et soudain je ne vois plus qu’un ciel d’hiver à l’azur dur, pur, et immaculé. Du soleil blanc sur la neige. Une envie de bitume. L’appel de l’horizon. Les heures passées derrière la fenêtre à donner du sens aux formes des nuages.



J’écoute Indochine et d’un seul coup dans un jardin en plein été, sous les ombres obscures projetées par des fleurs géantes. En train de chercher mon chemin tout en espérant me perdre dans le labyrinthe des fleurs endormies, en attendant de rencontrer le Magicien.



J’écoute Marilyn Manson et soudain mes cicatrices me démangent, de vieux fantômes gravés dans ma chair, les témoins des griffes de la nuit. La rage qui piaffe dans ma poitrine comme un cauchemar furieux. Mais putain, je suis vivante. J’ai les mains qui tremblent d’avoir bu trop de café et je ne dormirai probablement plus jamais.



Avec Saez, j’ai trop bu, les copines ont trop bu, la nuit a un goût de sel et de fumée âcre. Les lumières de la villes sont des tâches floues dansant sur le paravent de la nuit. Les façades aveugles cachent plein d’adultes endormis sous la couette des certitudes alors que nous adolescentes brisées de la douleur plein la gorge et les poumons, on erre en filigrane sur le velours trompeur des ténèbres.