vendredi 20 avril 2012

Journey to the end

Je suis sans doute un peu maniaque de la correction. Peut-être que je devrais en faire un peu moins, et plus écrire. J’ai pas mal de doutes. j’ai l’impression que toutes mes histoires sont anecdotiques. j’ai du mal à rentrer dedans. À en extraire ce que je veux réellement. Je pense encore trop quand j’écris, et puis je suis maladroite et m’emmêle avec les mots. Je ne crois plus trop à mes histoires, et si je n’y crois pas, comment pourrai-je faire quoique ce soit de bon ? C’est cette confiance, et ce plaisir, que je cherche à redécouvrir, suivant le fil ténu, cette passerelle de fumée que la musique déploie entre ma conscience et l’imaginaire. L’impression paradoxale qu’il y tant d’histoires à raconter, et aucune. Je suis dépassée par le cadre, encore une chose paradoxale. Quelle histoire pourrait me porter ? Des tas que je lis, pourtant. Mais pas les miennes. Et pas si facile d’écrire chez moi. Je n’ai pas d’enfants, mais des parents... Je suis perdue, je ne trouve plus ce passage, ou bien j’ai perdu la clé, je ne sais pas exactement. Et si je ressasse cela c’est que souvent, au bout des doutes et des interrogations, je finis par la trouver, cette maudite porte. Je suis portée par un sentiment mystique qui me rend difficile toute mise en forme. Et quand je relis mes dernières nouvelles, je me demande où il est, ce sentiment. Qu’est-ce que j’en fais ? Où est-ce que je vais avec toutes ces phrases ? Le soir s’allume violemment, le vent brinquebale les nuages, ce désordre de couleurs et de vapeur convient bien à mon état d’esprit : tout n’est qu’une immense dérive désespérée, une course vers le mur, une tentative de brio final. J’écris toujours comme si j’allais mourir très bientôt. Et je crois que c’est comme cela que je dois écrire. Ce que je crains, c’est que mes écrits ne soient pas à la hauteur. Je ne peux pas faire autrement que souhaiter me perdre dans l’ivresse quand j’écoute cette chanson. Cette chanson, ou plutôt ce morceau, est une perdition en soi. Une tentative pour passer de l’autre côté. Au fond, est-ce seulement cela ? Est-ce que je veux juste mourir ? Si la mort était cette dissolution parfaite, alors oui. Mais rien ne me garantit qu’elle le soit. Je voudrais tellement simplement dire ce sentiment. Et pourtant, nouvelle contradiction - toute ma vie est faite de contradictions - c'est ce que je fais, interminablement, sans jamais me lasser. J'aimerais réussir à dire pourquoi ce morceau m'arrache à moi-même, dans une étrange sensation de fusion entre mon ressenti et celui qui appartient à ceux qui ont composé et interprété le morceau. Stephen King dit que l'écriture, c'est de la télépathie. Dans une certaine mesure, c'est sans doute valable pour tous les arts. Je ne sais pas pourquoi on ressent le besoin d'exprimer. Franchement, je n'en sais rien. Mais c'est aussi nécessaire et vital que de se nourrir. ça doit sortir, d'une manière ou d'une autre. Il y a dix ans de cela, un ami de passage m'avait dessiné comme une petite fille qui traînait derrière elle un gros sac noir. Dedans, elle y mettait "toute la peine du monde" qu'elle ramassait. Maintenant, ce n'est plus seulement la peine qui m'intéresse. Mais l'image du sac est toujours là. Un sac gonflé de trucs et de machins. Et le sac devient trop lourd. Et il continue toujours à se remplir. J'aimerais aussi, non seulement dire, mais emmener comme cette musique m'emmène. Et franchement, je ne pense pas en être capable. Mais je vais quand même continuer. C'est ça ou rien.