lundi 11 août 2014




J’ai besoin de retrouver une dimension sacrée à ma vie. De cultiver mon jardin. J’ai besoin de quelque chose de plus essentiel, de plus pur. De cesser d’être à la dérive.
L’année dernière, je m’apprêtais à faire le grand saut et à partir en Inde. J’ai surmonté beaucoup de choses pour cela.
Peut-être est-il temps de le faire de nouveau. De passer par-dessus moi-même. Pas de cette façon-là, non, cette fois, ce sera différent. J’ai passé une année étrange, tissée d’incertitudes, de doutes, de questions, de remises en question. Une année d’errance. Je sens que j’ai besoin de retrouver une part de moi vitale, quelque chose que les pierres du temps et du quotidien masquent et étouffent peu à peu. Quelque chose que j’ai toujours eu en moi, cette chose qui s’éveille et frissonne au contact des grands espaces et de la musique.
J’ai un besoin profond, dont je n’avais pas encore saisi toute l’ampleur et la signification, de me ressourcer.
J’ai besoin de revenir dans mon corps. Ma sensibilité et ma sensualité sont émoussées, endolories, léthargiques. J’ai le cœur lourd, souvent. Moins d’angoisse, plus de tristesse. Ma tristesse est fondamentale, constitutive, je crois, mais mal canalisée, elle m’entraîne par le fond au lieu de simplement m’accompagner.
J’ai besoin de rêver à nouveau, de me mettre en quête des signes. De laisser se déployer cette immense sérénité, comme laisser l’océan entrer en moi.
Comme si aujourd’hui j’éprouvais le poids de ma carcasse, comme si ma peau était parcheminée et encrassée, et que je voulais me déshabiller de mon enveloppe.
Le temps est venu pour un changement, même si je ne sais pas vraiment encore de quelle nature il est.
J’ai besoin d’écouter le son de la pluie. De passer des heures de rêverie à tenter de déchiffrer la lumière sur les nuages et les feuillages. Besoin de respirer un air riche, bourré de senteurs.
C’est comme si ma tête était une gare désertée. Il n’y a plus que moi sur le quai. Assise sur un banc, je scrute les rails vides.
Je ne veux pas passer ma vie comme ça, assise sur ce banc avec le bitume sous mes pieds. Parce que sur ce banc, je commence à avoir terriblement froid.