mardi 14 septembre 2010

Nocturne II

Croix du Sud.

Lumière dorée et penchée sur la ville mettant en relief la façade classique de République. Les rues sont animées, avec des groupes de gens concentrés sur les terrasses comme un vol d'oiseau abattu sur un champ de bières. Pas toujours bonnes, ces bières, mais elles ont la fraîcheur des fins de journées,les bulles de sa légèreté. Tout à l'heure, au carrefour, j'ai vu la lumière s'épaissir dans les arbres au bout de la rue, scintillante comme du miel. Tout palpite et la soirée est tiède.

Quelques heures plus tard.

La nuit a fraîchi l'air, mais la ville reste vivante et pleine. Les gens marchent d'un pas pressé, les terrasses sont toujours remplies, mais ce sont des personnes différentes. Les bars sont chaleureux, des points d'ancrage et de lumière, des balises nocturnes où trouver un réconfort et des amis autour d'une bière.
Je regarde l'eau scintiller sous le pont, et puis ce grand bouleau planté dans le béton dont je me rappelle que l'année précédente, il avait attendu décembre pour abandonner la bataille et se dénuder totalement.
Je suis chez moi.

Rentrée à la maison, la fatigue me pèse un peu sur les épaules et forme une raideur dans mon cou, mais j'ai la musique dans la tête. j'ai hésité entre un café et une tisane, pris une tisane, et me demande si ma rêverie va me porter. Sinon, il y aura un film ou du sommeil, mais je veux laisser sa chance à la brûlure, à la blessure sensible qui crépite la nuit venue.

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Marcher sur le trottoir sans avoir les pieds sur terre. Avoir des scénarios dans la tête, des images fantastiques. Au fond de soi puiser la sérénité d'être ancré dans son corps dont les coutures craquent pourtant. On pourrait se répandre sur le béton, ou s'envoler en fumée, un corps dansant parmi les autres, que seul le souffle d'une quelconque divinité permet de connaître cet état qu'on nomme la vie. Si fragile et dérisoire, c'est aussi cela, se sentir fort : vivre comme un souffle, courant sur la terre, se mélangeant aux autres odeurs et à tous les soupirs. Savoir que rien de tout cela n'a réellement d'importance. C'est grisant. Traverser la nuit, ces quelques heures au fond desquelles appellent avec insistance le sommeil et le rêve, et se sentir léger, dérisoire, fragile, sans importance. Libre de n'être rien, et d'être tout.
J'ai toujours cette phrase idiote dans la tête, ces temps-ci : "dans la vie, faut pas s'en faire". Je pense au sourire que j'étais la seule à avoir ce matin, en cours. Je suis curieuse. Le monde satisfait ma curiosité. Je prends le temps d'être. C'est tout.

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