vendredi 27 août 2010

Ewiges Licht



Ce qui est étrange, c'est que le temps, et les moments de la journée qui le composent, semblent rouler comme un fleuve, au-dessus de quelque chose, ou à travers quelque chose, que le temps ne fait que traverser. Nous vivons en surface, la plupart du temps, ignorants et aveugles. Parfois, le fleuve s'ouvre en deux. Et nous avons un aperçu de l'entre-deux, des couloirs qui éclairent le vide, du nagual et du sacré. Certains le traduisent par le mot "lumière", faute de métaphore. D'autres par une simple expression "a warm place".
Ma quête, mon unique quête, est impossible et vouée à l'échec. Parler de cet entre-deux. Certaines personnes pourraient me juger mystique mais il m'a toujours semblé, à la manière du film Matrix, ou Avalon, que la réalité, ce que nous appelons réalité, n'était qu'une grossière illusion. Truth is out there...

Don Juan a dit à Castaneda que les drogues étaient une béquille. Je crois que j'aurai besoin de ma drogue personnelle pendant très longtemps encore, si ce n'est toujours. La drogue a toujours été un élément clé du rituel et de la transe. Ce n'est pas par hasard. Il semble qu'elle aide à ouvrir les portes de la perception... Chevaucher les esprits. La folie.
Je crois à la division du sacré et du profane. Il me semble maintenant évident que le profane ayant envahi jusqu'aux valeurs morales, nous sommes conditionnés à l'ignorance sourde et aveugle de son pendant, le sacré. J'ai l'impression que mon éducation m'a forcé à l'évacuer comme une mauvaise habitude. Et j'ai envie de révolutionner cela. Je me rends compte que ce que je sens si fort en moi ne peut être considéré comme un délire personnel que si moi je prends la décision de le juger ainsi. Ce chemin n'appartient qu'à moi. Personne ne peut vous imposer une voie spirituelle. Jamais. On ne vit pas sa vie spirituelle par la crainte ou la force. En ce cas, on fait semblant de la vivre.
Bon, pour éteindre vos éventuels doutes, mais je pense que vous l'avez déjà compris, je ne me suis convertie à aucune religion. J'ai juste décidé de laisser parler ma nature profonde, au lieu de l'enfouir inutilement. Il ne s'agit pas d'une opposition rationnel/irrationnel. ça me semble presque basique et puéril, comme opposition. Je ne cesse d'analyser mes perceptions du "sacré" de l'entre-deux, de la lumière. Elles n'ont pas un fondement irrationnel. Elles appartiennent à une vérité qui me dépasse. Ou une vérité que j'invente. Mais fondamentalement, y a-t-il réellement une différente entre ce qu'on invente et ce sur quoi tout le monde est d'accord pour lui attribuer le statut "d'existence" ? Je crois que la réalité est, et doit, être plus malléable que ça. Pourquoi le doit-elle ? Parce que figer la réalité est la trahir, et c'est justement anti-scientifique et anti-philosophique. Le meilleur moyen de savoir est de tomber dans le terrier du lapin. Le meilleur moyen de connaître est d'abandonner ce que l'on sait, ou plutôt ce que l'on croit savoir, car que sait-on vraiment ? On ne sait que ce qu'on est habitué à savoir.

8 commentaires:

  1. C'est une sage reflexion, que l'on se doit tous, je pense, de mener. Je suis quelqu'un de rationnel, scientifique. Ce qui, à mon sens, oblige, bien plus que des croyants religieux par exemple, à se remettre en doute constamment ; à remettre en doute tout ce qui nous entoure, ce que nous considérons comme étant la réalité. La mysticicité peut être finalement l'un des fondements de la pensée rationnelle.
    Mes mots ne seront pas les mêmes, je ne parlerais pas de sacré. Mais dans un sens, ils rejoignent les tiens. Peut-être ne donnerons-nous pas la même signification à l'inconnu, à cet entre-deux, mais le cheminement sera similaire. Effectivement, on ne peut chercher à savoir sans abandonner ses certitudes.

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  2. Je crois que tu as tout à fait compris mon propos !
    "La mysticicité peut être finalement l'un des fondements de la pensée rationnelle."
    C'est une conviction chez moi. Il ne s'agit pas de valoriser un système irrationnel face à un système rationnel ou l'inverse. il s'agit d'une quête de vérité. Vérité qui ne peut être pleine qu'en accord avec l'humain. Un discours scientifique peut être aussi vide de sens qu'un discours de gourou. Ce que je veux dire, c'est que la vérité a à voir avec l'individu, avec son entière nature. Bien sur, ici je ne parle pas de science pure et simple, d'observation et de systématisation du monde qui nous entoure... Mais bien de sa compréhension profonde, qui ne peut se faire que par le biais de l'individu avec sa conscience d'être-au-monde. En un sens je suis assez cartésienne, dans un sens qu'on oublie trop souvent : le sollipsisme. Je ne peux connaître et avoir conscience du monde qu'à travers moi-même. La "vérité" ne peut donc être qu'en accord avec l'ensemble de mon être, et non pas un raisonnement vide calqué de l'extérieur.
    Cela dit, je crois pas que la vérité soit une et unilatérale. Mais ce dont je parle ici, c'est la compréhension du monde "pure", et pour moi par essence individuelle, faute de savoir vraiment si cette compréhension est partagée.
    Il faudrait parler de cela en vrai, ce sont des sujets sur lesquels l'écrit fait défaut, et comme on ne peut pas rectifier immédiatement, c'est toujours un peu difficile de communiquer et de se comprendre. Autrement dit, je ne sais pas si je suis claire :)

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  3. Non, non, tu es Muriel. (ouais, bon, ok, blague pourrave ; mais blague assumée quand même).
    Sinon, je vois ce que tu veux dire et j'approuve sur certains points tout en nuançant, ou étendant certains. (Mais, c'est sûr, pas facile d'expliquer vraiment notre pensée au détours d'un commentaire sde blog...)
    Je retiens notamment cette phrase :
    "(...)je ne parle pas de science pure et simple, d'observation et de systématisation du monde qui nous entoure... Mais bien de sa compréhension profonde, qui ne peut se faire que par le biais de l'individu avec sa conscience d'être-au-monde."
    Pour ma part, je pense que l'un ne va pas sans l'autre. Il ne peut y avoir de compréhension profonde sans l'observation du monde qui nous entoure. Rhaa, je ressens l'impossibilité de décrire en quelques lignes mon raisonnement... Bref, ne se concentrer que sur sa propre conscience de son être, pour atteindre une compréhension du monde, une "vérité", ne peut, à mon avis, se faire uniquement de façon individuelle et seulement à travers soi-même, comme tu le dis. Au mieux, nous dégagerons une "vérité" qui ne se limitera seulement à nous, et non au monde dans lequel nous faisons partie, puisque notre pensée ne se sera focalisée que sur une partie d'un ensemble, sans prendre en compte toutes les données de l'ensemble. Du coup, peut-on dire que la compréhension individuelle du monde est "pure" ? Je ne le pense pas. (bien qu'il s'agisse peut-être d'un mot mal choisi...) Par définition, la compréhension est forcément individuelle, puisqu'il s'agit de notre perception de la vérité. Pour autant, notre perception peut être faussée, ou au moins biaisée.
    Ceci dit, je me rends compte en écrivant, que je donne aussi des arguments contradictoires :) (je parlais au début que l'observation du monde était important pour connaitre cette "vérité", mais je termine en disant que nos perceptions peuvent être faussées :P)

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  4. Tous les philosophes se sont cassé le nez sur cette contradiction, Gradlon, donc je pense que c'est correc' ;) (les québécois prononcent comme ça. Et non, j'ai rien de plus intelligent à ajouter. Je suis caissière, moi...:P)

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  5. Euh ? WTF ?!
    "Et non, j'ai rien de plus intelligent à ajouter. Je suis caissière, moi...:P" C'est quoi cet auto-dénigrement ?

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  6. Auto-dérision, Mu. Je t'assure, c'est pas grave, c'est même essentiel de pratiquer un peu tous les jours :D

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  7. J'ai toujours eu l'impression que tu pratiquais trop, mais c'est peut-être parce que je ne pratique pas assez ;)

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  8. Non, contrairement à l'impression que je donne parfois, je suis globalement équilibrée... J'ai mes moments de doute, comme tout le monde, et en mauvaise période du mois je me trouve moche et je change d'avis toutes les cinq minutes. Mais sinon ça va :D

    C'est pas seulement de l'auto-dérision d'ailleurs, c'est aussi une façon de mettre en évidence le cliché : je ne vois pas pourquoi les caissières ne pourraient pas participer à une discussion philosophique! Je peux bien, moi...

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