mardi 30 avril 2013

Crépuscule en C mineur




(sublime interprétation...)

Il y a une très belle lumière, une lumière d’orage, d’apocalypse. Le soleil disparait dans une lumière dorée qui irrigue les nuages gris, déclinant des nuances d’ocre et de mauve tandis que les feuillages crépitent… L’appartement a changé, pour la première fois je me sens bien dedans, comme je me sentais bien parfois au square du roi Arthur, dans le premier appartement que j’ai occupé seule, dans mon cocon, ma forteresse. J’ai enfin un espace à moi, et même si ce n’est pas grand-chose, je me rends compte maintenant à quel c’était important. La musique, le mystère du soir, les touches du clavier qui claquent sous mes doigts. Le bonheur est simple, mais c’est tout ce qui peut parfois m’en séparer qui est difficile et complexe. Les labyrinthes de ronces de mon propre esprit. Je le savais déjà, et il y a si longtemps déjà. Je sais bien qu’on ne cesse jamais de grandir, et pourtant, chaque fois que je grandis, c’est une surprise et une découverte…
J’aime vieillir. J’aime par-dessus tout vieillir. La jeunesse ne vaut rien. Le temps est mon allié parce qu’avec lui refleurissent les parterres qui ont fanés. Avec lui se creusent mes profondeurs, s’écrivent mes livres, s’étoilent mes cieux du dedans. Au début, il n’y avait rien qu’une petite étincelle et une furieuse envie, un désir contenu dans la plus minuscule des enveloppes. Le désir a littéralement explosé et chaque jour il continue d’étendre les frontières de mon univers. Je ne connaissais qu’une planète, puis j’ai navigué dans un système solaire, et un jour j’ai compris qu’il existait des infinités de systèmes dans une galaxie parmi des infinités de galaxies.
J’ai été malheureuse parce que j’ai voulu tout contrôler. Je savais pourtant que je ne devais pas le faire, mais je n’avais pas encore compris pourquoi. C’est pour cela que j’aime vieillir. À chaque année qui passe, à chaque mois, chaque semaine, chaque jour, chaque heure, chaque minute, j’apprends la sérénité. J’apprends à assumer les excès, et j’apprends à ne pas être une sainte, ou plus précisément, à accepter de ne pas l’être. Croyez-moi ou non, mais je commence tout juste à savoir faire des choix (remarque il paraît que cette capacité n’est pas bien formée avant trente ans, alors je suppose que c’est normal ;). Je commence tout juste à m’autoriser à exister telle que je suis. J’ai été parfois une drama queen, c’est sûr. Mais je peux vous dire qu’il y avait en moi un abîme béant, comme disait mon poète préféré, et je peux aussi vous dire que j’ai bien failli y sombrer définitivement.
Et aujourd’hui, un simple nocturne, quelques mots éparpillés, l’impression d’avoir été au même endroit pendant plusieurs éternités, à chercher à déchiffrer le monde… Et ne plus en avoir besoin. Tout ce que je savais déjà, je commence à le comprendre, et surtout à le vivre…


Le Joker nouvellement accroché au-dessus de mon nouveau bureau me rappelle que je suis définitivement une fille du chaos, et que c'est en vain que j'ai voulu croire à la Loi.
...Why so serious ?


"Introduce a little anarchy, you upset the established order and everything becomes chaos. I'm an agent of chaos. And you know the thing about chaos, Harvey? ... It's fair."
Définitivement le meilleur méchant de tous les temps.


Nouveau bureau :)

 

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