vendredi 2 octobre 2009

Finally, I'm back. (?!...)

J'ai Internet ! Dans mon nouvel appartement au seizième étage, où je me sens comme Baudelaire dominant les toits de Paris, ou comme un héros de Myasaki (excusez l'orthographe, j'ai la flemme de chercher) dans le chateau ambulant, ou encore comme un marin qui regarde par un gigantesque hublot la mer de nuages qui l'entoure ; ça c'est quand je m'allonge sur le lit, et qu'il n'y a que le ciel, si vaste !
Oui, je balancerai bien des pots de fleur sur les gens en bas, en criant : "La vie en beau, la vie en beau !" (référence au Mauvais vitrier, dans le Spleen de Paris, si vous avez pas lu, allez lire tout de suite).
J'écoute la musique qui sort de la boîte bleue de Kalys, qui s'est mise à chercher le sacré dans la musique. Pourra-t-elle d'ailleurs me dire ce qui différencie l'ineffable de l'indicible ? Moi, je n'ai pas trop compris.
J'ai compris une chose, en revanche, aujourd'hui, en lisant le livre de Hoï Hoa Vuong intitulé Musique de roman. Je suis apparemment très romantique allemande dans mon obsession de la musique, expression privilégiée de l'absolu. C'est bizarre d'ailleurs qu'on s'en réfère toujours à Wagner, Beethoven, Schubert. Jetez-moi des pierres, mais moi je comprends mieux Vivaldi. Il fait mieux résonner ma "musique intérieure". Et c'est de cela dont il est question, dans l'écriture. Le langage a son propre ineffable. Il a sa prosodie, son rythme, par la signifiance il s'étend à la fois dans l'espace, la temporalité, le visible, l'audible. Que dire d'une expression telle que "la ramification de ce parfum" (Proust). Est-ce signifiant ? Visible ? Audible ? Sensible ? Est-ce que ça ne veut rien dire pour autant ? Le langage est infini. Il porte son propre infini, et seul l'écrivain peut le révéler, à travers la recherche de sa poétique, de son propre langage. Proust disait qu'il fallait attaquer la langue. On a trop écouté les structuralistes, qui ne parlent de rien. Je préfère écouter Baudelaire.
Aussi pour une fois je dérogerai à la règle : pas de musique, mais un texte.

"L'océan noir stagnait et les astres accroupis proliféraient des noeuds de chair fraîche-gonflée, tandis que dans le ciel les oiseaux tournoyaient et du firmament halluciné tombait la balance et le pilon et le mortier et tes yeux bandés, Ô Justice ! Tout ce qu'on vous raconte ici se meut avec des pieds imaginaires le long des parallèles de planètes moribondes ; tout ce qu'on voit avec l'orbite vide éclate comme les fleurs de l'herbe. Du néant surgit le signe de l'infini ; au creux des spirales éternellement ascendante lentement sombre le gouffre béant. La terre et l'eau font des nombres en se joignant, poème écrit avec de la chair, et plus fort que l'acier ou le granit. A travers la nuit sans fin la terre tourbillonne vers une création inconnue...
Aujourd'hui, je suis sorti d'un sommeil profond avec des malédictions joyeuses sur les lèvres, avec ma langue baragouinant, répétant comme une litanie - "Fay ce tu vouldras !... Fay ce que tu vouldras !" Fais n'importe quoi, mais qu'il en sorte de la joie ! Fais n'importe quoi, mais que cela donne de l'extase ! Tant de choses grouillent dans ma tête quand je me dis cela : des images, des gaies, des terribles, des affolantes, le loup et la chèvre, l'araignée, le crabe, la syphilis avec ses ailes étendues et la porte du vagin toujours sans loquet, toujours ouverte, prête comme la tombe. Luxure, crime, sainteté : la vie de mes chers adorés, les échecs de mes chers adorés, les mots qu'ils ont laissé derrière eux, les mots qu'ils ont laissés inachevés ; le bien qu'ils ont entraîné derrière eux et le mal, le chagrin, la discorde, la rancoeur, et la lutte qu'ils ont créés. Mais par dessous tout, l'extase !
(...)
Ce qu'on appelle leur "exagération" est mon aliment : c'est le signe de la lutte, c'est la lutte elle-même avec les fibres qui s'y agrippent, l'aura et l'ambiance de l'esprit discordant."

Du Baudelaire, du Niezsche, du Mallarmé, du Céline... C'est du Henry Miller, dans Tropique du Cancer :)

1 commentaire:

  1. Je ne sais pas si tu as vu, mais Chris fait des réécritures de blog, maintenant... du tien, en l'occurrence :) Je l'ai mis dans les liens de mon blog, si tu veux le lire, vu qu'il se fait discret ;)

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