Il y a une semaine, je débarquais, effarée, dans la chaleur
humide étouffante rapidement suivie d’une pluie battante, en voiture avec mon
patron dans la folie furieuse des rues d’Ahmedabad qui commence déjà à me
paraître normale (à chaque fois je pense à vous Nath et Mathias qui avez
facilement peur en voiture, je suis pas sure que vous supporteriez :).
Hier, mon rickshaw a même pris une grosse artère à contresens). Son accent — à
mon boss— ne me paraît par contre toujours pas normal. Par contre, au bout
d’une semaine, je me rends compte que c’est un chic type, plutôt timide en
réalité (j’étais d’abord moi-même trop intimidée pour m’en apercevoir), prêt à
nous rendre service (notamment pour nous commander la nourriture et nous
conseiller là-dessus à midi. À ce propos, ne me demandez pas ce que je mange,
la plupart du temps je n’en ai aucune idée ! :)), et plutôt souple au
niveau des horaires, et pas du tout dans notre dos à surveiller nos avancées.
Aujourd’hui j’ai fait de la relecture, ce que je n’avais
jamais fait en traduction technique, et j’ai bien aimé ! Je commence déjà
à être plus à l’aise en traduction médicale, et jusqu’ici tous les documents
que j’ai lus ou traduits se recoupent pas mal. Je n’ai fait pratiquement que
des textes concernant des médicaments prescrits pour le traitement du sida, des
antirétroviraux. (et je crois même avoir une idée assez bonne de la manière
dont ça fonctionne). Le vocabulaire et les formulations commencent donc à
rentrer. J’espère en tout cas que j’ai fait mieux en traduction que la personne
dont j’ai relu le texte, par moments on dirait presque du Google Traduction
tellement c’est collé à l’anglais, jusqu’au non-sens, sans problème. Pas
évident à relire, mes instructifs, et comme souvent dans le travail de
relecture, je repère mes propres défauts et erreurs à travers ceux des autres,
ce qui ne peut que m’aider à progresser.
Une journaliste espagnole qui est correspondante de son
journal en Inde est passée au bureau, je ne sais pas pour quelle raison, mais
en tout cas elle était très sympathique et nous a proposé (à Camilla et moi) de
nous voir sur notre temps libre. Dimanche matin, il se peut qu’on aille à un
grand marché près de la vieille ville, qu’elle a l’air de trouver super. Elle
voulait nos e-mails et quand j’ai sorti ma carte de visite ça a impressionné
tout le monde, même mon patron en a voulu une, ahah :)
Je n’ai pas vu grand-chose de la ville pour l’instant, je
circule dans une zone assez restreinte, mais c’est déjà assez pour savoir qu’en
Inde, il y a des dentistes qui pratiquent dans la rue. Si, si. Et je vous
avouerais que ça m’a fait drôle de découvrir le nombre de gens qui vivent littéralement
sur le trottoir, vaguement protégés par une bâche. Mais contrairement aux
clochards européens, ils ne sont pas saouls et les femmes portent des saris
éclatants de couleurs. Je me suis demandée ce qu’ils pouvaient bien faire de
leurs journées. Qu’on les passe à boire, je pige, mais là… Quand on voit le
degré de pauvreté, même chez des gens plus « riches », on comprend,
enfin moi en tout cas, aisément pourquoi les gens sont si religieux. Je pense
que dans de telles conditions de vie, il n’y a juste aucun autre moyen de ne
pas sombrer dans le désespoir. M’enfin c’est à relativiser bien évidemment,
presque tout le monde est religieux ici.
D’ailleurs dans un billet précédent je faisais une
comparaison avec la France par rapport à la communauté musulmane, mais je crois
qu’elle s’arrête très vite, car la situation est très différente ici. La
culture musulmane a marqué durablement le pays, qui a été sous son contrôle
pendant très très longtemps. En fait, la mouvance hindoue conservatrice d’aujourd’hui,
née de l’Indépendance, semble tenter de compenser un manque (imaginaire ou non)
d’affirmation identitaire et politique. Certains Hindous semblent avoir l’impression
qu’ils n’ont jamais regagné leur fierté ni leur identité après des siècles de
domination étrangère. Le nationalisme Indien est apparemment très fort, et très
différent du nôtre car en dépit des heurts communautaires, c’est une nation
réellement multi-culturaliste, et je ne pense pas qu’on précise ici que les
musulmans sont Indiens, ça va de soi, en fait. En bref, les Hindous veulent
faire sentir qu’ils existent et sont fiers de leur culture et mode de vie, il
semble y avoir ce besoin de s’affirmer. Enfin, c’est ce que j’arrive à
percevoir et à comprendre, ce n’est pas à prendre pour argent comptant :)
Voilà, voilà :) Sinon, je commence à réussir à dormir
la nuit, voilà une bonne chose, il était temps ! Je commence aussi à
savoir quoi manger et ça y est, je ne meurs plus de faim comme les premiers
jours. Hier je suis retournée au supermarché, les amis des légumes devraient
tous venir en Inde, c’est hallucinant tous les trucs qu’il y a. Je n’ai pas été
encore très aventureuse et n’ai pas encore acheté de légume inconnu, mais la
prochaine fois, pourquoi pas !
À très vite pour une nouvelle entrée de ce carnet de bord !
coucou Muriel!
RépondreSupprimeret ben quelle aventure!!!
j'avais pas encore pris le temps de venir lire! c'est toujours un peu la course chez moi!
Nathalie l'a dit plusieurs fois dans ses commentaires mais en lisant tes différents billets, c'est vraiment dépaysant et enrichissant! On sent que tu trouves tes repères petit à petit. En tout cas avec Alan on a beaucoup pensé à toi. On est même aller au resto indien et on a trinquer à ta santé!
envoies nous des photos pour qu'on se représente un peu mieux ton nouvel environnement!
et oublies pas, moi je veux une carte postale!!! en tout cas on te fais pleins de bises
Coucou !!
RépondreSupprimerContente d'avoir de tes nouvelles ! :)
Merci vous êtes chous d'avoir trinqué pour moi :) Il était bon ce resto ? Moi j'ai pas encore testé le fameux thali, spécialité du Gujarat, mais ça devrait prochainement se faire !
J'ai pas trop pris de photos pour l'instant et je sais pas si la carte mémoire est compatible avec cet ordi, je regarderai. Et pour la carte postale, je vais faire ce que je peux, mais pour l'instant, je ne sais pas où en trouver, faudrait sans doute aller dans la vieille ville, et c'est loin, et je t'assure que c'est vraiment une grande ville où il est difficile de se repérer :) Mais j'aurai sans doute l'occasion d'y aller avec mes colocs plus expérimentés qui sont là depuis quelques mois, donc j'essaierai d'y penser si j'en vois :)
Gros bisous !!