mercredi 14 août 2013

Ahmedabad — Jour 1




10h33.

J’écris en direct de ma chambre presque vide avec le ventilateur qui vrombit un peu trop fort à mon goût pour ce premier matin.

Aujourd’hui c’est Independance Day, et deux de mes infortunés colocs sont obligés d’aller bosser parce qu’ils ont des trucs à finir. La troisième, Camilla, dort encore.

La première nuit en Inde a été en elle-même aussi dépaysante que l’arrivée : il fait très chaud, et tout colle à cause de l’humidité. J’étais mal renseignée : la mousson n’est pas terminée ! Hier je suis arrivée sous une pluie torrentielle, et aujourd’hui il fait gris. La nuit a été calme, et ce matin, aux premières lueurs du jour, j’ai été surprise par mon premier frisson d’exotisme : des chants d’oiseaux inconnus J

Avec l’excitation de l’arrivée, j’ai eu du mal à m’endormir, et n’étant pas habituée à mon nouvel environnement, je me suis réveillée trop tôt, et je suis encore complètement décalquée du voyage.

Sur lequel je vais tout de même vous dire deux mots !

Le départ, comme trois d’entre vous le savent, a été dur. À Charles de Gaulle tout s’est passé vite et bien, et le voyage en avion a été plutôt rapide. Il n’y avait pas grand monde et j’ai pu m’allonger sur ma rangée de siège et sombrer dans l’inconscience entre deux turbulences (depuis mardi en effet, je n’ai pas l’impression de dormir, mais de perdre conscience !). L’arrivée à Dehli a été plus rocambolesque. L’aéroport est en effet immense, mais surtout, j’ai mis deux heures à parvenir au bon endroit, car je me suis heurtée à la bureaucratie indienne. En effet, j’avais déjà ma carte d’embarquement donnée à Paris, mais j’ai mis très longtemps à comprendre que je devais retourner à l’enregistrement pour en avoir une autre, parce que figurez-vous que je devais prendre un vol « domestique », mais en passant par les guichets de la partie « vol internationaux » (et non je n’ai toujours pas tout compris). Et pendant un bon moment j’ai fait des allers retours entre les deux parties en me faisant chaque fois refouler par des gens qui me disaient d’aller de l’autre côté. J’ai fait l’aller retour deux fois, ensuite je suis allée au guichet de la compagnie, et ensuite finalement au bureau d’enregistrement. Ouf ! Et puis vraiment je vous jure je comprends qu’un mot sur deux de ce qu’on me raconte, l’accent est vraiment fort.

Enfin bref, après j’ai passé ma journée à dévisager les voyageurs assise sur une rangée de siège dans un immense terminal. Des musulmans à longue barbe, beaucoup de Sikhs à turban, des moines bouddhistes, tout ça c’est monnaie courante. Certains affichages d’aéroport passent des petites phrases de sagesse qui donnent du baume au cœur, du genre « Nothing in this wicked world is permanent, even your troubles » (Charlie Chaplin). Et j’ai découvert avec de grands yeux deux panneaux qui se côtoyaient : à gauche « Prayer Room », à droite « Smoking room ». Endroit que j’ai assidument fréquenté, et qui ressemble en fait à un cours de prison grillagée. Où je me suis fait intensément dévisager à mon tour. Mon patron m’a plus tard expliqué que c’était normal et qu’il ne fallait pas que je le prenne mal. Soit. Mais c’est un peu perturbant quand même. D’autant qu’il y avait très peu de femmes qui venaient fumer, et que des Blanches, de ce que j’ai vu.

Autre affichage rigolo, un panneau électronique de petites nouvelles du monde et de l’Inde, divisé en deux parties : « upside » et « downside ». Exemple : « Upside : dans je sais plus quelle ville, achetez des pneus, obtenez des oignons gratuits ! » (si, c’est véridique) downside : « un enfant meurt d’une morsure de serpent ». Et sachez qu’ici la pluie est considérée comme une bonne nouvelle.

Bon, j’ai pu finalement prendre mon avion, le voyage était rapide, et après une attente interminable pour avoir ma valise, j’ai débarqué et rencontré mon patron. Mes colocs m’ont rassuré : personne ne comprend ce qu’il raconte J Enfin je comprends, mais je dois souvent lui faire répéter, il parle vite et avec son gros accent. Bref, il m’a donné quelques indications sur la ville, les us et les coutumes. Je pensais aller au boulot à pied, mais il n’y a pratiquement pas de trottoirs, et je pense que je vais suivre mes colocs qui vont m’apprendre à utiliser les rickshaws, qui sont vraiment le moyen de transport local. Ici, tout le monde conduit en klaxonnant. J’ai l’impression que c’est en partie un moyen de signaler sa présence et de dire « faites gaffe » car tout le monde change de file de manière sauvage, et sachant que dans une même artère à quatre voies, il y a des vélos, des scooters, des voitures, et des rickshaws (et même des charrettes qui vont à deux à l’heure mais semblent rester sur la voie de droite (rappelez vous, on roule à gauche en Inde, donc la voie la plus à droite est la voie la plus lente), et des piétons qui, avec le mauvais éclairage, ne sont vraiment pas très visibles la nuit.) Je pense qu’il faut s’y faire, mais je trouve cette manière de rouler hyper agressive. Mais je crois déjà sentir que ce qui semble agressif pour un Européen ne l’est pas ici.

Le patron m’a dit que c’était ok pour une femme de se promener seule dans cette ville, donc ça c’est chouette. Je peux fumer comme je veux dans l’appart, c’est chouette aussi. De toute façon vu l’état du truc, ça aurait été aberrant qu’on nous l’interdise, et ça dérange pas mes colocs J

Voilà, aujourd’hui, si on trouve un truc ouvert, on devrait aller faire des courses.

Hier j’ai eu un peu peur en arrivant, et je pense que d’autres coups de blues sont à venir, par contre le point positif c’est que je me sens bien dans l’appart, humainement parlant, donc c’est le principal.

Voilà le bilan pour l’heure, je vais prendre une douche froide (pas par choix, hé hé) et je réécris ici très vite. Je vous embrasse fort.

3 commentaires:

  1. Tout ça me semble hyper excitant :) Ça semble tellement dépaysant ! J'aime particulièrement ta description de l'aéroport :D
    Elsie, la fille de Michelle dont je t'avais parlé, avait apparemment été aussi logée dans un taudis quand elle était allée en Inde. Elle avait des rats, ou des cafards, je ne sais plus :) Ils doivent trouver que c'est parfaitement légitime de loger les étudiants étrangers dans des bidonvilles. Après tout, vous êtes d'accord pour être exploités, donc bon :P
    Et pour l'impression d'agressivité qui se dégage, je pense, de mon expérience, que c'est ce qu'on ressent quand on débarque dans un endroit étranger. Nous, on se prend tout dans la gueule, alors que pour les gens qui habitent là tout ça fait partie du quotidien. En tout cas, même en Australie je me sentais agressée, par la circulation notamment, alors que je ne pense pas que les gens qui vivaient à Perth étaient particulièrement vindicatifs quand ils prenaient le volant ;)

    Hâte de lire la suite de ton voyage !!

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  2. N'oublie pas de prendre plein de photos "black metal" :)

    Merci pour le report, je suivrai tes aventures assidûment.

    Bisou

    Alex

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  3. Hé hé, merci à tous les deux :)C'est vrai qu'il faut certainement un temps d'adaptation, et mes colocs ont l'air de se sentir assez bien ici, au final.
    Je crois que l'un des trucs les plus durs pour moi va être d'apprendre à dire non et à surveiller ce que font les gens, parce que, comme je le raconterai demain, une seule journée et je suis pas du tout sure de ce qu'on a payé à la caisse, et un conducteur de rickshaw a essayé de nous arnaquer (visiblement ces gens là sont durs en affaire) Pour moi c'est une vraie jungle, et avoir à discuter du prix de quelque chose est une pratique qui m'est complètement étrangère, gnarf.
    M'enfin ça fait un bon apprentissage et ça forge le caractère :)
    Bisous

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