10h33.
J’écris en direct de ma chambre presque vide avec le
ventilateur qui vrombit un peu trop fort à mon goût pour ce premier matin.
Aujourd’hui c’est Independance Day, et deux de mes
infortunés colocs sont obligés d’aller bosser parce qu’ils ont des trucs à
finir. La troisième, Camilla, dort encore.
La première nuit en Inde a été en elle-même aussi dépaysante
que l’arrivée : il fait très chaud, et tout colle à cause de l’humidité. J’étais
mal renseignée : la mousson n’est pas terminée ! Hier je suis arrivée
sous une pluie torrentielle, et aujourd’hui il fait gris. La nuit a été calme,
et ce matin, aux premières lueurs du jour, j’ai été surprise par mon premier
frisson d’exotisme : des chants d’oiseaux inconnus J
Avec l’excitation de l’arrivée, j’ai eu du mal à m’endormir,
et n’étant pas habituée à mon nouvel environnement, je me suis réveillée trop
tôt, et je suis encore complètement décalquée du voyage.
Sur lequel je vais tout de même vous dire deux mots !
Le départ, comme trois d’entre vous le savent, a été dur. À
Charles de Gaulle tout s’est passé vite et bien, et le voyage en avion a été
plutôt rapide. Il n’y avait pas grand monde et j’ai pu m’allonger sur ma rangée
de siège et sombrer dans l’inconscience entre deux turbulences (depuis mardi en
effet, je n’ai pas l’impression de dormir, mais de perdre conscience !). L’arrivée
à Dehli a été plus rocambolesque. L’aéroport est en effet immense, mais
surtout, j’ai mis deux heures à parvenir au bon endroit, car je me suis heurtée
à la bureaucratie indienne. En effet, j’avais déjà ma carte d’embarquement
donnée à Paris, mais j’ai mis très longtemps à comprendre que je devais
retourner à l’enregistrement pour en avoir une autre, parce que figurez-vous
que je devais prendre un vol « domestique », mais en passant par les
guichets de la partie « vol internationaux » (et non je n’ai toujours
pas tout compris). Et pendant un bon moment j’ai fait des allers retours entre
les deux parties en me faisant chaque fois refouler par des gens qui me
disaient d’aller de l’autre côté. J’ai fait l’aller retour deux fois, ensuite
je suis allée au guichet de la compagnie, et ensuite finalement au bureau d’enregistrement.
Ouf ! Et puis vraiment je vous jure je comprends qu’un mot sur deux de ce
qu’on me raconte, l’accent est vraiment fort.
Enfin bref, après j’ai passé ma journée à dévisager les
voyageurs assise sur une rangée de siège dans un immense terminal. Des
musulmans à longue barbe, beaucoup de Sikhs à turban, des moines bouddhistes,
tout ça c’est monnaie courante. Certains affichages d’aéroport passent des
petites phrases de sagesse qui donnent du baume au cœur, du genre « Nothing
in this wicked world is permanent, even your troubles » (Charlie Chaplin).
Et j’ai découvert avec de grands yeux deux panneaux qui se côtoyaient : à
gauche « Prayer Room », à droite « Smoking room ». Endroit
que j’ai assidument fréquenté, et qui ressemble en fait à un cours de prison
grillagée. Où je me suis fait intensément dévisager à mon tour. Mon patron m’a
plus tard expliqué que c’était normal et qu’il ne fallait pas que je le prenne
mal. Soit. Mais c’est un peu perturbant quand même. D’autant qu’il y avait très
peu de femmes qui venaient fumer, et que des Blanches, de ce que j’ai vu.
Autre affichage rigolo, un panneau électronique de petites
nouvelles du monde et de l’Inde, divisé en deux parties : « upside »
et « downside ». Exemple : « Upside : dans je sais
plus quelle ville, achetez des pneus, obtenez des oignons gratuits ! »
(si, c’est véridique) downside : « un enfant meurt d’une morsure de
serpent ». Et sachez qu’ici la pluie est considérée comme une bonne
nouvelle.
Bon, j’ai pu finalement prendre mon avion, le voyage était
rapide, et après une attente interminable pour avoir ma valise, j’ai débarqué
et rencontré mon patron. Mes colocs m’ont rassuré : personne ne comprend
ce qu’il raconte J
Enfin je comprends, mais je dois souvent lui faire répéter, il parle vite et
avec son gros accent. Bref, il m’a donné quelques indications sur la ville, les
us et les coutumes. Je pensais aller au boulot à pied, mais il n’y a
pratiquement pas de trottoirs, et je pense que je vais suivre mes colocs qui
vont m’apprendre à utiliser les rickshaws, qui sont vraiment le moyen de
transport local. Ici, tout le monde conduit en klaxonnant. J’ai l’impression
que c’est en partie un moyen de signaler sa présence et de dire « faites
gaffe » car tout le monde change de file de manière sauvage, et sachant
que dans une même artère à quatre voies, il y a des vélos, des scooters, des
voitures, et des rickshaws (et même des charrettes qui vont à deux à l’heure
mais semblent rester sur la voie de droite (rappelez vous, on roule à gauche en
Inde, donc la voie la plus à droite est la voie la plus lente), et des piétons
qui, avec le mauvais éclairage, ne sont vraiment pas très visibles la nuit.) Je
pense qu’il faut s’y faire, mais je trouve cette manière de rouler hyper
agressive. Mais je crois déjà sentir que ce qui semble agressif pour un
Européen ne l’est pas ici.
Le patron m’a dit que c’était ok pour une femme de se
promener seule dans cette ville, donc ça c’est chouette. Je peux fumer comme je
veux dans l’appart, c’est chouette aussi. De toute façon vu l’état du truc, ça
aurait été aberrant qu’on nous l’interdise, et ça dérange pas mes colocs J
Voilà, aujourd’hui, si on trouve un truc ouvert, on devrait
aller faire des courses.
Hier j’ai eu un peu peur en arrivant, et je pense que d’autres
coups de blues sont à venir, par contre le point positif c’est que je me sens
bien dans l’appart, humainement parlant, donc c’est le principal.
Voilà le bilan pour l’heure, je vais prendre une douche
froide (pas par choix, hé hé) et je réécris ici très vite. Je vous embrasse
fort.
Tout ça me semble hyper excitant :) Ça semble tellement dépaysant ! J'aime particulièrement ta description de l'aéroport :D
RépondreSupprimerElsie, la fille de Michelle dont je t'avais parlé, avait apparemment été aussi logée dans un taudis quand elle était allée en Inde. Elle avait des rats, ou des cafards, je ne sais plus :) Ils doivent trouver que c'est parfaitement légitime de loger les étudiants étrangers dans des bidonvilles. Après tout, vous êtes d'accord pour être exploités, donc bon :P
Et pour l'impression d'agressivité qui se dégage, je pense, de mon expérience, que c'est ce qu'on ressent quand on débarque dans un endroit étranger. Nous, on se prend tout dans la gueule, alors que pour les gens qui habitent là tout ça fait partie du quotidien. En tout cas, même en Australie je me sentais agressée, par la circulation notamment, alors que je ne pense pas que les gens qui vivaient à Perth étaient particulièrement vindicatifs quand ils prenaient le volant ;)
Hâte de lire la suite de ton voyage !!
N'oublie pas de prendre plein de photos "black metal" :)
RépondreSupprimerMerci pour le report, je suivrai tes aventures assidûment.
Bisou
Alex
Hé hé, merci à tous les deux :)C'est vrai qu'il faut certainement un temps d'adaptation, et mes colocs ont l'air de se sentir assez bien ici, au final.
RépondreSupprimerJe crois que l'un des trucs les plus durs pour moi va être d'apprendre à dire non et à surveiller ce que font les gens, parce que, comme je le raconterai demain, une seule journée et je suis pas du tout sure de ce qu'on a payé à la caisse, et un conducteur de rickshaw a essayé de nous arnaquer (visiblement ces gens là sont durs en affaire) Pour moi c'est une vraie jungle, et avoir à discuter du prix de quelque chose est une pratique qui m'est complètement étrangère, gnarf.
M'enfin ça fait un bon apprentissage et ça forge le caractère :)
Bisous