mardi 28 décembre 2010

Morceaux choisis

Travailler de six heures du matin, à jeun, à midi. Travailler en aveugle, sans but, comme un fou. Nous verrons le résultat.
Je suppose que j'attache ma destinée à un travail non interrompu de plusieurs heures.
Tout est réparable. Il est encore temps. Qui sait même si des plaisirs nouveaux... ?
Gloire, payement de mes dettes.
Je n'ai pas encore connu le plaisir d'un plan réalisé.
Puissance de l'idée fixe, puissance de l'espérance.
L'habitude d'accomplir le devoir chasse la peur.
Il faut vouloir rêver et savoir rêver. Évocation de l'inspiration. Art magique. Se mettre tout de suite à écrire. Je raisonne trop.
Travail immédiat, même mauvais, vaut mieux que la rêverie.
Une suite de petites volontés fait un gros résultat.
Tout recul de la volonté est une parcelle de substance perdue. Combien donc l'hésitation est prodigue ! Et qu'on juge de l'immensité de l'effort final nécessaire pour réparer tant de pertes !

A chaque minute nous sommes écrasés par l'idée et la sensation du temps. Et il n'y a que deux moyens pour échapper à ce cauchemar, pour l'oublier : le plaisir et le travail. Le plaisir nous use. Le travail nous fortifie. Choisissons.
Plus nous nous servons d'un de ces moyens, plus l'autre nous inspire de répugnance.
On ne peut oublier le temps qu'en s'en servant.
Tout ne se fait que peu à peu.

Plus on veut, mieux on veut.
Plus on travaille, mieux on travaille et plus on veut travailler.
Plus on produit, plus on devient fécond.
Après une débauche, on se sent toujours plus seul, plus abandonné.
Au moral comme au physique, j'ai toujours eu la sensation du gouffre, non seulement du gouffre du sommeil, mais du gouffre de l'action, du rêve, du souvenir, du désir, du regret, du remords, du beau, du nombre, etc.
J'ai cultivé mon hystérie avec jouissance et terreur. Maintenant, j'ai toujours le vertige, et aujourd'hui, 23 janvier 1862, j'ai subi un singulier avertissement, j'ai senti passer sur moi le vent de l'aile de l'imbécillité.

***
J'ai cru me lire...

mardi 21 décembre 2010

Bientôt arrivée

Tout va toujours au ralenti, jusqu'à ce que je m'aperçoive que tout est déjà fini, que les dates butoirs buttent pour de vrai. La nuit continue d'être omniprésente, même le jour où elle se manifeste par un brouillard impénétrable. Je me sens un peu comme un coureur de marathon en fin de course, sauf que c'est mon cerveau qui se sent comme ça. C'est le moment, je suppose, de sortir l'effort final, dépasser ses limites, etc. Quand je ne sais plus quoi faire de moi, je passe un bon bout de temps dans la salle de bain. Comme ça, si le cerveau est en bordel, ça ne se voit pas sur moi (mais dans mon appartement, si). On se dit que ça ne va jamais finir, et ça finit trop vite. Chaque fois c'est cris et panique et alarmes, et puis ça s'éteint et je ne vois pas que j'arrive inéluctablement à la ligne d'arrivée, je continue à compter sur la distance qui m'en sépare.
Lassitude, oui, je crois que c'est ça. Et pourtant, j'adore ce que je fais (enfin, un peu moins recopier des citations et insérer d'innombrables notes de bas de pages). Mais bon, il y a toujours des étapes comme celles-ci dans la vie. Si un jour je publie des romans, ce sera pareil. Aujourd'hui, je suis tout de même nettement plus sereine, ne me fixant qu'une seule obligation : faire de mon mieux. C'est déjà pas mal.
Je me sens un peu embrouillée parce que j'ai envie de repartir, j'ai envie d'attaquer d'autres choses, mais, mais, il faut d'abord finir. Ça doit être pour ça que j'ai tant de choses inachevées : parce que l'étape finale, quand on est fatigué, c'est la plus difficile. Et bien, je vous dis un truc, que ce soit pour mon mémoire ou pour mon roman, cette fois, je vais finir.