jeudi 6 juin 2013

À la recherche de la force vitale...




(Je pense vraiment qu'il faudrait écouter ce morceau pour lire ce billet, la musique soutient les mots défaillants :)

Ce soir la lumière se déverse par torrents, toujours cette drôle de lumière orageuse embrumée et scintillante à la fois. L’air a une étrange qualité, la brise est emplie d’anciennes chansons.

J’ai toujours ces histoires dans la tête, ces rêves en surimpression qui se raccrochent à la toile du réel, occultant la ville derrière les fenêtres en la faisant ressembler à un désert…

J’ai tellement envie de faire vivre de telles histoires. Toujours ce vieux fantôme familier qui vient me visiter le soir et me pousse à chercher à noyer et en même temps exalter ce sentiment par tous les moyens possibles… Je canalise… Je suis une sorte de réceptacle, mais pour moi, recevoir n’est pas difficile, c’est donner qui l’est… Partagée entre l’envie de me perdre définitivement dans ces songes et le désir de revenir pour les ramener avec moi, pour les montrer, pour les donner. Et si je suppose que cela va intéresser quelqu’un c’est parce que j’ai toujours perçu cette émotion particulière comme un écho du monde, et non de mon égo. Depuis presque toujours, j’ai eu ce désir de traduire. Traduire ce que je recevais du monde. Donner des mots à l’absolu. Ce n’est pas juste moi. C’est nous. C’est une le sentiment d’une filiation qui me dépasse complètement, qui n’est l’affaire ni d’une famille ni d’un peuple, mais de l’humain. C’est ça que je ressens.

Je crois que c’est cela qui m’a avant tout fascinée dans le tragique comme dans l’épique (qui partagent très souvent la même scène, d’ailleurs, et pour moi, c’est encore mieux quand c’est le cas). C’est la sensation que je reçois, que ces genres me procurent. Une sensation qui ne fait pas écho à quelque chose d’intime, qui m’est propre. Mais au contraire, quelque chose qui m’appelle et pousse en dehors de moi-même. Quelque chose qui me grandit, dans tous les sens du terme.

Les plus grandes histoires ne sont pas celles qui nous renvoient à nous-mêmes en tant qu’individus, ni celles qui tentent de nous faire croire que le collectif prime sur l’individu. Ce sont celles où l’individu parvient à se sublimer en incarnant une espèce d’universalité. C’est peut-être mal exprimé, mais ça dit très exactement ce à quoi se résume ma démarche artistique. (et j’en suis très loin, et j’en suis très consciente. Il m’a déjà fallu des années pour mettre le doigt dessus. Alors d’ici que je trouve les moyens…)

Je crois que je vais passer ma vie à tenter de dire cette simple émotion. Je vais écrire des bouquins entiers sur un unique instant. Je pense qu’on comprendra qu’à cause de cela je suis sensible à la chose spirituelle et aux affaires qui touchent la foi. Parce que pour entreprendre une chose aussi stupide et essentielle, et tout simplement vitale, il faut de la foi, et il faut s’en remettre au chaos.
Je pense commencer à comprendre ce que je veux. Et ce que je veux ne peut être réalisé par aucun moyen matériel, peut-être seulement aidé. Ce que je cherche s'est toujours trouvé à l'intérieur. Je n'ai pas besoin de quoique ce soit, fondamentalement. À part de la musique, du ciel, des arbres, des gens que j'aime et qui m'aiment, et de quoi boire le soir. C'est déjà pas si mal. Mais je commence à me demander si ça ne se résume pas à cela. Parce que tout ce que je recherche, je ne le trouverai pas par ce que je pourrais faire. Une idée qui commence à germer. Je ne suis pas encore sure.  
Je me suis souvent demandée si je serais plutôt guerrière ou prêtresse. Guerrière dans l'âme, définitivement. Mais prêtresse. 
(Eh oui, la fin de la vie étudiante, ça vous change une femme. Son petit monde s'apprête à voler en éclats, j'en suis à un point de ma vie où tout est remis en question, en tout cas, je peux vous dire une chose : tant mieux.)