Je repense à la peur. À la nécessité de savoir vivre avec. On est tous, tout le temps, amenés à chercher à se rassurer. Mais parfois il ne faut pas. Il faut juste affronter sa peur. Le conseil que j’ai le plus détesté au lycée. Mais il y a un moment pour le faire. Pas parce qu’un adulte bien intentionné vous le dit. Parce que vous en éprouvez la nécessité profonde, intérieure. La seule nécessité qui vaille. Celle qui vous inspire, vous insuffle ce courage de faire face.
Il y a tellement de choses que je ne comprends pas dans ce monde. Ne pas comprendre les autres me terrifie. Ne pas me comprendre moi-même me coupe de ma propre existence. Et pour comprendre... Il faut que je me batte. Je ne peux pas céder du terrain à la peur. Je dois revenir sur le ring. Celui que je déserte pour plus de confort. Pour consacrer mon énergie à d’autres choses. Mais je dois revenir sur le ring. Ce n’est pas impératif moral, ce n’est pas ma culpabilité qui m’y conduit. C’est mon élan, ma force vitale. Ce que j’appelle la nécessité intérieure.
Peut-être que j’ai besoin de boxer, en fait. Peut-être que je suis incapable de concevoir mon existence sans la peur comme ennemie. C’est vrai, probablement aussi, que je n’ai jamais cherché à m’en faire une alliée. La peur, c’est ce truc qui me noue les les tripes et qui nourrit beaucoup de voix dans ma tête. Mais je ne peux pas l’affronter si je ne choisis pas mon moment. C’est toujours elle et moi, sur le ring, dans un clair obscur à la Je t’aime mélancolie de Mylène Farmer. Et je boxe, je boxe, toute seule le samedi soir. Parce que ma peur, c’est ce qui se met entre moi et ces histoires qui me brûlent le bout des doigts. C’est un éclat de glace fiché dans mon estomac qui me paralyse quand je songe à prendre une décision. C’est ce qui me fait penser la chose la plus horrible du monde : « c’est pas si grave. c’est pas si important ». C’est toujours important, à plus forte raison si la peur s’en mêle.
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