samedi 3 février 2018

Jeunesse

À mon âge, c'est probablement anormal de mater autant d'animes et autant de yaoi. Et d'écrire de la fanfic comme une forcenée. Je devrais sans doute être en train protéger ma progéniture, râler le plus possible, demander à autrui de me protéger au lieu de me protéger moi-même, ranger ma fierté et officier en tant que, comme l'avait dit Sartre dans La Nausée, "distributeur d'expérience".
Il n'en est rien. Je n'ai pas peur de vieillir, pas vraiment. Depuis mon adolescence je suis en guerre contre le monde "adulte". L'autre jour je lisais un article qui vantait les mérites du shonen pour la jeunesse. Je pense que ce sont des leçons qu'on ne cesse jamais d'apprendre, et les shonen m'émeuvent toujours autant.
Tous les jours, je me sens comme ça :
(Fairy Tail: Erza vs 100 monsters)

Je continuerai à chialer comme une gamine devant ces mangas. Je n'ai plus quinze ans, bon sang, ça fait seize ans que je n'ai plus quinze ans. Mais je ne considère pas ma sensibilité et mon désir de légèreté comme des faiblesses mais au contraire comme des parties de moi qui me rendent plus fortes. Et peu importe si je ne serai jamais une "adulte", si comme Nath, j'arrive à quarante ans avec des bas rayés, des mitaines et des grosses chaussures "comme les jeunes". Parce que la vie ne s'arrête pas à l'âge adulte. Parce que je ne me sens pas l'obligation de devenir terne et chiante juste parce que je suis entrée dans ma quatrième décennie. Rien ne me retient, rien ni personne. Je ne céderai pas. Défendre son mode de vie n'est pas si aisé, mes amis m'ont appris à le comprendre. Gardez courage, parce que ce qu'on a dans le cœur, c'est quelque chose dont la valeur n'est en aucune façon comparable aux "projets", aux pressions, aux sales cons. C'est nous. C'est notre force vitale, notre raison de vivre. Peu importe que les gens nous détestent et nous blessent. À la fin de la journée, on est toujours seul avec soi-même. Et se regarder dans une glace honnêtement sans se sentir mal à l'aise, pour moi, ça vaut tout le confort du monde.



jeudi 25 janvier 2018

Effeuillage




Du soleil dans les branches, plusieurs fous rires devant Youtube... (j’ai littéralement pleuré devant la série des « Je parle France » de Sad Panda). C’était peut-être ce qu’il fallait, avec d’autres choses, pour briser la mélancolie. Les premières semaines de janvier ont été... dépressives. Cette période de l’année ne me sourit pas. C’est comme un no man’s land traversé par rien mais par des routes solitaires (cet anglicisme est digne d’une Québecoise de souche). Et maintenant, du Nirvana dans les oreilles, je retrouve un peu de l’envie et du goût. parfois, je suis émotionnellement comme enrhumée : je ne sens plus le goût des choses, et ne le sentant plus, je n’en ai plus envie. Alors je m’isole en attendant que ça passe. Parfois, je suis vide même d’énergie, j’ai la tête remplie de brouillard. Rien ne me semble vraiment réel. Soit ça me terrifie, soit ça entretient l’apathie.


C’est presque toujours par la musique de mon adolescence que le cycle se brise. Peut-être parce que quand on est ado, enfin, quand moi j’étais ado, j’ai éprouvé certaines émotions pour la première fois, et généralement, on se souvient de ses premières fois.



J’écoute cette vieille chanson de Placebo et soudain je ne vois plus qu’un ciel d’hiver à l’azur dur, pur, et immaculé. Du soleil blanc sur la neige. Une envie de bitume. L’appel de l’horizon. Les heures passées derrière la fenêtre à donner du sens aux formes des nuages.



J’écoute Indochine et d’un seul coup dans un jardin en plein été, sous les ombres obscures projetées par des fleurs géantes. En train de chercher mon chemin tout en espérant me perdre dans le labyrinthe des fleurs endormies, en attendant de rencontrer le Magicien.



J’écoute Marilyn Manson et soudain mes cicatrices me démangent, de vieux fantômes gravés dans ma chair, les témoins des griffes de la nuit. La rage qui piaffe dans ma poitrine comme un cauchemar furieux. Mais putain, je suis vivante. J’ai les mains qui tremblent d’avoir bu trop de café et je ne dormirai probablement plus jamais.



Avec Saez, j’ai trop bu, les copines ont trop bu, la nuit a un goût de sel et de fumée âcre. Les lumières de la villes sont des tâches floues dansant sur le paravent de la nuit. Les façades aveugles cachent plein d’adultes endormis sous la couette des certitudes alors que nous adolescentes brisées de la douleur plein la gorge et les poumons, on erre en filigrane sur le velours trompeur des ténèbres.