jeudi 22 janvier 2015

La bête, le feu, la lumière



Des heures que je n’ai pas réussi à écrire quoi que soit, paralysée. Je me dis que peut-être, au lieu de chercher désespérément une solution, je dois me laisser entraîner. Traverser l’épreuve jusqu’au bout. Peut-être que si je me dis que rien ne marche et que ça finit toujours par revenir, c’est parce que j’essaie toujours de m’échapper.
Je me sens complètement adolescente, à tout  refuser, à fumer des clopes en écoutant de la musique très fort.
Ce besoin de fermer les yeux, de perforer ma poitrine pour laisser sortir la bête, le feu, la lumière. Ces moments désespérés où je me sens anéantie par cette puissance que je ne sais pas utiliser. Qui me submerge. Impuissance, impuissance, impuissance. Ma vieille amie. L’impuissance, c’est de l’énergie sans emploi. Tellement sans emploi qu’on finit par douter que la puissance se trouve vraiment quelque part en soi.
Tout est volonté de puissance. C’est l’essence de la vie. Nietzschéenne jusqu’au bout. Volonté en mouvement. La mort c’est l’enfermement de cette volonté en soi. Tout n’est que réalisation de cette finalité sans fin : exercer sa puissance. Qui ne veut pas forcément dire domination, d’ailleurs, n’en déplaise aux détracteurs de Nietzsche.
Arrogance, orgueil démesurés. Mais si c’était ça, ma vraie nature ? Je ne suis pas douée pour accepter, finalement. Je renoncerais plus facilement que j’accepterais. Essayer d’accepter, ça s’est révélé être un échec spirituel. Ce n’est pas ça que je veux, ça n’est pas compatible avec la bête, le feu, la lumière.
Ils ne font pas de moi quelqu’un d’important, j’essaie de le comprendre. Mais ce sont eux qui font que je suis vivante.
Ils sont douleur, joie, désir et tristesse. Dans mon petit monde possiblement ridicule et étriqué, ils constituent ma force vitale. Si les aléas de l’existence m’en laissent la possibilité, peut-être que je finirai par changer d’avis. Mais jusqu’ici, ils ont toujours fini par gagner.

1 commentaire:

  1. À un moment, je pense qu'il faut arrêter de se torturer. On ne ressent l'impuissance que si l'on se force à s'y confronter. Écouter des disques incroyables pendant des heures, c'est bon pour les émotions, mais à un moment ça finit par vider... L'inspiration, c'est aussi un travail de filtrage, de tamisage... Il faut se prendre le truc dans la gueule, puis le laisser reposer. Après seulement on peut en faire quelque chose. Enfin, c'est ce que je crois.
    Mais ce n'est pas valable pour tout le monde, c'est sûr : j'imagine bien Artaud se prendre en permanence la vie en pleine gueule. Mais il n'y avait plus aucun équilibre, aucune modération dans la vie d'Artaud. Peut-être, je le crois en tout cas, que tu n'es pas comme lui.

    J'adore ce que tu as écrit, comme quoi il t'était plus facile de renoncer que d'accepter. Je trouve ça incroyablement juste, comme réflexion. Et beau :)

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