mercredi 28 mai 2014

Madame Nostalgie




Aujourd’hui j’ai eu une bouffée de nostalgie en regardant un lycéen dans le bus, dont j’aurais été sans doute amoureuse à dix-sept ans. Un petit blond aux cheveux longs et aux yeux verts, portant un pendentif viking, avec ce regard clair, assuré, intense. Je me sens un peu vieille en éprouvant une tendresse instinctive à son égard.

J’ai changé sans changer, au fond je suis toujours la même, la seule différence c’est le temps, toutes ces batailles qui me séparent de mes dix-sept ans. Il y a dix ans. J’étais parfaitement insouciante, à moitié malheureuse, et follement amoureuse. J'éprouve une véritable nostalgie, saisissante, en évoquant cette année-là. Ce ne sont pas des regrets. Juste de la nostalgie, une étrange mélancolie teintée de bonheur et de désir d’encore. Cela me rappelle que c’est toujours ainsi que je veux vivre. Et aujourd’hui je peux me dire avec sincérité que je ne m’en suis pas trop mal sortie. Au beau milieu des déconvenues, ça fait du bien. Chaque fois que je suis perdue, je me replonge dans mes dix-sept ans. Je bois à satiété de ces mélodies adolescentes, de ces envies d'ailleurs, de cette folie pure qui me tenait lieu de cerveau.
Toujours, tête nue sous le ciel, nourrie de pluie et de vent, toujours cet être qui n'en finit pas de naître, qui se déplie membrane après membrane, perpétuellement exposé, fragile, et qui s'éprouve pourtant comme infiniment puissant, parce que la lumière que je cache sous mes côtes menace d'exploser à chaque battement de mon cœur.

4 commentaires:

  1. J'aime bien quand tu écris ce genre de texte, va savoir.
    Et pourtant, je n'aime pas mon adolescence, je n'y retrouve jamais de nostalgie, je déteste cette période, mes 16-20 ans. Pourtant, je n'ai pas fondamentalement changé.
    De toute manière, je ne suis pas nostalgique du tout. D'aucune période. N'empêche que j'aime bien lire/entendre des gens qui le sont. Pas pour le "c'était mieux avant" mais pour le "c'était/j'étais" bien avant (et le était/suis toujours maintenant).

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  2. Oui, je pense que c'est une chance de pouvoir se tourner vers son passé et y trouver une sorte de continuité, et mieux encore, l'évoquer avec plaisir.
    Tu n'es pas encore à l'abri de la nostalgie, qui sait, tu écriras ce genre de textes dans dix ou vingt ans, je te le souhaite en tout cas :)

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  3. J'ai lu ton billet - un peu en retard, il faut avouer - et j'ai donc suivi l'idée générale en re-re-regardant Angela 15 ans. Ben j'aime toujours autant ;)

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  4. Hé hé tant mieux alors :)
    Vieillir, c'est que du bon. (du point de vue mental, je veux dire). Mais à la seule condition, je crois, de ne jamais oublier ses dix-sept. Ou toute autre année symbolique pour chacun :)
    Je ne revivrai cette période pour rien au monde. Parce que je peux la revivre, encore, et encore. En mieux.

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