Aujourd’hui
j’ai eu une bouffée de nostalgie en regardant un lycéen dans le bus, dont j’aurais été sans doute amoureuse à dix-sept ans. Un petit blond aux cheveux longs et aux yeux verts, portant un pendentif viking, avec ce regard clair, assuré, intense. Je me sens un peu vieille en éprouvant une tendresse instinctive à son égard.
J’ai changé
sans changer, au fond je suis toujours la même, la seule différence c’est le
temps, toutes ces batailles qui me séparent de mes dix-sept ans. Il y a dix
ans. J’étais parfaitement insouciante, à moitié malheureuse, et follement amoureuse. J'éprouve une véritable nostalgie, saisissante, en évoquant cette
année-là. Ce ne sont pas des regrets. Juste de la nostalgie, une étrange
mélancolie teintée de bonheur et de désir d’encore. Cela me rappelle que c’est
toujours ainsi que je veux vivre. Et aujourd’hui je peux me dire avec sincérité
que je ne m’en suis pas trop mal sortie. Au beau milieu des déconvenues, ça
fait du bien. Chaque fois que je suis perdue, je me replonge dans mes dix-sept ans. Je bois à satiété de ces mélodies adolescentes, de ces envies d'ailleurs, de cette folie pure qui me tenait lieu de cerveau.
Toujours, tête nue sous le ciel, nourrie de pluie et de vent, toujours cet être qui n'en finit pas de naître, qui se déplie membrane après membrane, perpétuellement exposé, fragile, et qui s'éprouve pourtant comme infiniment puissant, parce que la lumière que je cache sous mes côtes menace d'exploser à chaque battement de mon cœur.