Comme hier, un arc-en-ciel traverse le ciel mi sombre mi doré. La lumière cet automne est changeante, elle a tendance à ruisseler, à se répandre, à pâlir, à forcir, à jaillir de plaies dans les nuages pour illuminer un coin de ville, à étinceler dans les gouttes de pluie et sur les pavés humides. Des gens sont aux terrasses, car il fait plus que doux, le soir, à boire des pintes en riant. Tout est léger, avec en arrière plan un solide parfum d'humus et de bois mort, qui a le charme de la nostalgie et de la mélancolie. Les autres automnes étaient sombres et venteux, celui-ci est lumineux et pluvieux. De parts et d'autres, des arbres s'illuminent comme des lampadaires diurnes, répandant une lumière dorée ou rougeâtre. Il y a ce groupe d'arbres près de la voie ferrée, qui paraît émettre de la lumière bien plus que de la recevoir, et les feuilles se détachent tantôt étincelantes sous un ciel bleu pâle, tantôt pâles et ondoyantes sous un ciel noir.
Beaucoup d'exaltations me traversent comme des bouffées de vent frais. Aujourd'hui en rentrant de cours, je pensais à la beauté du tragique, à ces crépuscules qui serrent le coeur, à ces aurores déchirantes. Je pensais à ces vieilles malédictions, aux larmes et au sang qui rougit les souvenirs. Ces grandes histoires rapportées par les tragédies, mille fois changées et pourtant permanentes, accompagnant nos vies sans même qu'on le sache, implantées quelque part loin dans l'esprit, façonnant notre vision du monde. S'émouvoir d'un texte composé il y a 2500 ans, et encore y redécouvrir sa propre histoire, y trouver une parenté, et même, une identité. Troublant...
L'arc-en-ciel se fond dans les nuages qui deviennent mauve.
C'est dur d'être aimé par des cons
Il y a 9 ans
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