Listening : Corvus Corax, Suam Elle Ires ; Moonsorrow, Jotunheim ; Mirkwood, Dreams of Night
Drinking : rien du tout ! non mais !
Smoking : ah oui, quand même.
Aujourd'hui, j'ai le sourire aux lèvres. Sans raison particulière. ça a commencé hier soir, ou plutôt hier nuit, mais ça s'expliquait entre autre par le bon whisky que j'éclusais tranquillement. Et puis ce midi, je suis sortie, et comme c'est le cas depuis plusieurs jours, l'air presque tiède, d'une texture à la fois légère et moelleuse, et l'odeur de fleur et de terre en germe qu'il portait m'a assaillie, me faisant d'un coup prendre conscience de mon environnement. Comme si, pendant l'hiver, les perceptions diminuaient avec la lumière. Les sens engourdis sont parcourus d'un frémissement, et c'est le début. On ne peut pas s'empêcher de se sentir rappelé, encouragé, empli d'une vitalité (aussi creux que ce terme soit devenu par la faute de la publicité), d'une vitalité nouvelle. Une énergie vitale enivrante, euphorisante. Et putain que c'est bon ! Moi qui croyais que la ville m'avait empêchée de voir le passages des saisons, en fait je n'ai juste pas fait attention.
Je choisis cette après-midi où l'inspiration me fait défaut pour inventer des histoires (une curieuse lassitude que je ne comprends pas bien encore) pour me consacrer aux vertiges de la pensée. Alors c'est Jacques Derrida qui m'accompagne, mon dictionnaire des idées et des notions en béquille pour affronter son érudition. Je me perds dans la philosophie de l'être et du sens, de l'existence. Grisant. Jamais aucune philosophie ne m'a déprimée. Même la plus fataliste. C'est toujours un stimulant de pensée, jamais à prendre pour un dogme. Si on parle de nourritures spirituelles, ce serait plutôt pour moi des spiritueux de l'âme, puisque je ne me lasse pas de m'en enivrer.
Ensuite, c'est Meschonnic, qualifié par certains de terroriste. ça ne m'étonne pas, vu certaines de ses phrases brèves et lapidaires, agressives. Avec lui j'aimerais commencer à penser la traduction, qui j'espère sera mon futur métier. Et quand je dis penser la traduction, ce n'est pas que je ne peux avoir de pensée sans l'aide des livres, c'est simplement qu'ils m'aident à imaginer, à ouvrir des boîtes dont je n'ai pas les clés, à conceptualiser, à dévoiler des horizons insoupçonnés. Même les génies ont commencé par les livres. Il n'y a pas de pensée réellement autonome. Je veux simplement assumer ce qui me paraît être une vérité.
Peut-être est-ce le contrecoup des idées noires que j'ai remuées ces derniers jours. Je veux être consciente, même si je sais que l'oubli est nécessaire pour vivre sa vie. Je veux assumer de vivre dangereusement. Je ne veux pas dire dangereusement dans un sens matériel. Seulement au sens que si j'ai un honneur, c'est celui de refuser de me laisser aller dans une faiblesse qui serait celle de la certitude. Ma foi elle-même, sans réel objet, ma foi qui est une sorte de pulsion vitale, de certitude d'exister d'une manière plus complète que temporelle (je ne crois pas vraiment à la vie après la mort, mais plutôt à la nécessité de tout ce qui est et arrive dans l'univers, et surtout à la beauté intrinsèque de tout cela, même si cette beauté ne s'explique pas et n'a peut-être pas de sens en dehors de moi-même. La beauté, c'est ce qui me sauve et qui est ma raison de vivre la plus juste et la plus sensée) ; ma foi elle-même disais-je, est une foi de l'incertitude. Et si je serai toujours tourmentée d'une manière ou d'une autre, j'ai décidé d'assumer aussi ce tourment comme une part de moi-même, et peut-être même de mon bonheur fondamental.
PS : ne vous laissez pas impressionner, j'ai l'intention de regarder la Nouvelle Star ce soir parce que c'est rigolo. :)
Je ne suis pas ivre et pourtant j'ai envie de vous dire : soyez heureux. Qu'est-ce qui compte plus que ça, finalement ? Enfin, j'ai déjà une discussion qui me vient à propos de ça, mais pour ne souler personne, ça sera pour un autre post ! (si ça intéresse quelqu'un... ahem. Il faut que je vois Mathias pour une discussion sur le sens de la vie, ça fait longtemps ! Kalys, donne-lui l'adresse de mon blog si tu veux !)
C'est dur d'être aimé par des cons
Il y a 9 ans