Depuis que je suis adolescente, l’été
a toujours été une saison étrange.
Mon premier été étrange date de mes
quatorze ans. Le déménagement en Bretagne, la nouvelle chambre, la
nouvelle maison. J’ai accroché des voilages mauves pâles qui
capturaient le soleil, je me maquillais à genoux dans la salle de
bain parce que l’armoire à pharmacie n’avait pas été encore
fixée au mur, je me promenais désœuvrée dans le très grand
jardin silencieux.
C’est le premier été sans vacances,
le premier été lourd de lumière, agité de rêves comme si je
dormais le jour, le premier été accablant.
L’été est un désert. L’été est
léthargie, soupirs, frissons parfois. Sentimentalement l’été est
porteur d’émotions profondes et intenses. C’est en été que
j’ai dit au revoir à des gens qui me sont chers, c’est en été
que je suis tombée amoureuse. Je ne sais plus où je suis, en été.
L’asphalte se gonfle pendant le jour, il reste chaud toute la nuit,
les soirées sentent l’aventure, les matins sont tapageurs, les
après-midi sont interminables.
La mélancolie de l’été est presque
lascive, elle palpite en sourdine, elle s’étend et s’étend
comme une grasse matinée qui m’en finit pas.
Je ne sais pas trop pourquoi je me sens
souvent triste en été. Le cœur de l’hiver et le cœur de l’été
ne sont, disons, pas mes moments favoris de l’année. Je respire
mieux en automne.
Et pourtant, l’été reste toujours
plein de promesses. L’été je suis une funambule, plus que jamais,
entre des émotions contradictoires, l’été je suis fragile, l’été
je ne sers plus à rien.
Mais j’avais quand même envie de
vous partager ma playlist de l’été, qui reflète un peu tous ces
moments et toutes ces émotions à la fois.
La musique du road trip par excellence,
celle qui m’emmène à tous les horizons, celle dans laquelle je me
perds, et me reperds, et me reperds encore. Elle me parle de fuite en avant mais aussi des saisons qui reviennent, des souvenirs qui se heurtent au présent, elle me parle de sens de la continuité, comme les marquages sur le bitume qui défilent sous les roues, et de l'horizon qui se trouble dans le rétro.
Pour les après-midi sereins, il y a Simple Minds :
L'été c'est aussi parfois le retour en enfance, la joie sans arrière-pensée. Et hop ! Déferlement de shonens !
Et l'été... C'est aussi l'envie de danser. (ah! vous aviez cru que vous alliez déprimer tout le long du billet, hein, avouez !) Et cet été, ma chanson phare, c'est celle-ci.
Mais on peut aussi se déhancher là-dessus :
Et une chanson indémodable avec sa meilleure version selon moi :) C'est drôle, sexy, ça respire la joie de vivre, Martha Wash a une putain de voix, RuPaul un corps incroyable :)
Et je finis sur un truc totaaalement différent. Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours trouvé cette musique torride. Dans tous les sens du terme.
Est-ce que les weekends sont vraiment fait pour dormir… Ou
pour rattraper le temps perdu avec soi-même ? Dormir, c’est ce que j’avais
planifié. Mais je me suis mise à penser, beaucoup, et cet endroit est le seul
que j’ai trouvé pour formuler ce qui me passait à travers la tête.
J’ai grandi dans la chambre bleue. La chambre au nord. La
chambre de cet enfant fantasmé qui ne serait pas moi. Il ne serait pas elle. Il
s’appellerait Olivier. Et bien sûr la pensée magique est assez forte pour me
faire croire que cet enfant-là n’aurait pas rendu maman malade. La pensée
magique est assez forte aussi pour préférer penser que mon existence ou ma non-existence,
aurait changé quelque chose à ce non sens débile qu’on se pique d’appeler la
vie : je ne comprends pas, et oui, je sais, personne ne comprend pourquoi,
quelqu’un peut souffrir autant sans la moindre raison. Justement, maman me
disait souvent, quand ça n’allait pas, des trucs du genre « on est tous
dans la même galère ». Je trouvais ça stupide, parce que ça changeait rien
à ce que j’éprouvais. Et les années ont montré que si elle y a cru un jour, à
cet adage débile, ça a assez vite cessé d’être le cas.
Au début je croyais que je ne me confiais pas parce je
détestais l’impression de vulnérabilité qui allait avec. L’impression de
laisser l’autre avoir du pouvoir sur vous en lui laissant voir où sont vos
faiblesses. Je crois toujours à ça. Mais c’est aussi parce qu’une part de moi se
refuse à établir des liens, parce que l’attachement est source de toutes les souffrances,
et tout ça. Par contre, je ne crois toujours pas que fondamentalement, j’ai
peur de souffrir. J’ai peur d’être mauvaise.
J’ai peur de faire du mal aux autres par ma simple existence, et en bonne
personne troublée, j’ai tendance malgré moi à rassembler des indices qui vont dans
ce sens exactement à la manière d’une conspirationniste : quand tu veux prouver
quelque chose, tu arriveras toujours à le prouver. Il suffit de chercher assez.
Je doute que ce soit aussi simple, mais je commence à me
demander si mon sentiment fondamental de culpabilité n’est pas la source
principale de mon anxiété chronique. Non, ce n’est pas la bonne façon de le
formuler, parce que ça me fait passer pour une victime et ce n’est pas ce que j’ai
l’impression d’être, ce n’est pas comme ça que je me perçois. L’autre jour F. m’a
dit que j’étais anxieuse parce que j’avais une conscience aigüe de ma mortalité,
enfin à peu près, et il n’avait pas tort. Mais j’ai aussi cette conscience
vertigineuse du hasard incroyable, à la fois absolument magnifique et
complètement maudit qui fait qu’aujourd’hui, je suis coincée dans ce crâne
étroit, comme une toute petite prison remplie de monstres aux griffes affûtées,
et face auxquels je n’ai jamais été beaucoup plus qu’une petite fille
terrifiée, terrorisée à l’idée qu’on l’abandonne. Terrorisée à l’idée de vivre
les épreuves que ma mère a endurées. Terrorisée à l’idée de vivre sa vie.
Je suis la petite fille de la chambre bleue, je ne l’ai
jamais été autant, je suis toujours là-bas, toujours à me demander pourquoi je
suis moi et pas quelqu’un d’autre, toujours à me demander pourquoi les gens
souffrent autant, toujours à rechercher stupidement et désespérément un moyen d’éviter
toute cette souffrance.
La pensée magique me servait, gamine. Un jour, j’ai pleuré
toutes les larmes de mon corps en « sacrifiant » un objet qui m’était
cher, parce que maman me l’avait acheté, à mon « tiroir à prières ».
Symboliquement, dans ma tête, je le donnais à Dieu. En bonne chrétienne, je pensais
que la douleur du geste attirerait l’attention de la divinité.
Et je comprends pourquoi y a des tas de gens qui pensent ça.
Parce que c’est toujours préférable au non sens d’une douleur accidentelle. Ne
pas pouvoir donner du sens, c’est ça, la véritable malédiction.
J’ai cru que je finirai par savoir, par trouver, par
comprendre. Aujourd’hui, hypersensible en début de règles, je porte le pull turquoise
de maman sous ma couette, j’écoute Tamtrum et ce titre qui nomme ce billet, et
je ne cesse de me poser ces questions. Je me demande quand est-ce que ça a commencé.
Je refuse absolument qu’on me voit comme une victime alors la plupart d’entre
vous, oui, même vous qui me lisez là maintenant, ignorez que je pique des
crises d’angoisse parce qu’un monstre m’a pris ma maman. Je sais qu’on est
censé grandir, mais je ne sais pas comment.
M’enfin, même en ne sachant pas comment, comme tout le monde
j’imagine, j’ai grandi. Je trouve ça profondément effrayant d’imaginer comme on
fait tout à tâtons, en faisant semblant de savoir ce qu’on fait alors qu’on en
a aucune foutue idée. Et puis, on avance. Les choses évoluent. La plupart des
choses évoluent. A part cette peur fondamentale, cette peur panique d’oiseau
encagé.
Mais qu’est-ce que je suis ? Qu’est-ce que je fous ?
Et puis au-delà des terreurs de l’enfance, y a les terreurs
du monde adulte. Il m’est arrivé heureusement plusieurs fois au cours des
dernières années de lire ou d’entendre des pensées qui me confirmaient que je n’étais
pas seule. Des gens qui ont donné des mots à mes frustrations, mes angoisses,
mes révoltes. Des gens qui m’ont rappelé que le monde c’était pas une maison blanche
avec un papa une maman une barrière blanche et des gosses qui rigolaient en bouffant
des yaourts.
Que le monde n’était pas fondamentalement hostile. C’est nous qui le rendons hostile. Avec notre
putain de misère humaine, tellement désespérée qu’on veut à tout prix que
quelqu’un en soit responsable, et sérieusement, ça me fait chier, mais je
comprends pourquoi.
L’histoire de maman m’a brisé le cœur. C’est pas la société
française, bien plus cool quoi qu’en dise les rageux que la plupart des société
aux mondes, c’est pas mes proches, c’est même pas maman, c’est ce qui lui est
arrivé. Ça m’a simplement brisé le cœur, appris que la justice n’était pas de
ce monde, appris qu’il existait des choses contre lesquelles rien ni personne
ne pouvait lutter. En fait ça n’explique pas directement les racines de mon
anxiété mais plutôt de mon pessimisme.
Et encore à ce jour, je ne cesse de penser à mon immense impuissance
et insignifiance, doublées de profonde lâcheté : je ne pouvais rien faire,
alors j’ai fui, le plus loin et le plus longtemps possible. Je ne l’avais pas
vue depuis deux mois quand ce connard de médecin m’a appelée accessoirement
pour me dire que ma mère était morte, principalement pour savoir ce qu’il
devait faire du corps (et non, je déconne pas. J’ai dû insister pour qu’il me
laisse appeler ma sœur avant de décider quoi que ce soit, sachant que papa
était à l’autre bout du monde).
Aujourd’hui j’ai tellement peur que quelqu’un me fasse ce que
je lui ai fait. Je l’ai laissée toute seule et elle est morte toute seule. Je
sais bien qu’elle ne voulait pas que je sois là. Mais elle a vécu la plus
épouvantable des épreuves seule. Je n’étais pas là. Elle est morte toute seule.
Après deux longues années de souffrances, passées presque entièrement au lit.
Parce que je n’ai jamais plus osé la regarder en face après la première fois qu’elle
était morte. J’aurais été plus avec elle si elle n’était pas morte une première
fois. Si elle ne s’était pas réveillée d’entre les morts avec sur le visage la
plus pure expression du désespoir que j’ai jamais vu : pas de la tristesse
à hurler, non. Une immense, opaque et absolue résignation. Mais je crois pas
que ça l’a empêchée d’avoir peur, au dernier moment. Et j’étais pas là, et pas
seulement par hasard : parce que je voulais pas y être. Parce que je me
protégeais d’elle. Alors même que je pense que ça me flinguerait de savoir que
quelqu’un de mon entourage essaie de se protéger de moi. Et oui, oui, je suis
bien la même personne qui vous explique que je méprise les gens qui disent « faites
ce que je dis, pas ce que je fais ». En fait, c’est cohérent, du coup.
Parce que je n’ai jamais eu le courage de mes idées, ni celui de l’amour que j’aurais
dû porter à ma mère.
J'ai écrit ça y a cinq ans et je suis retombée dessus un peu par hasard. Et je me suis dit que ça allait bien pour ce printemps aussi :) (dans les grandes lignes) Voici donc.
J'ai commencé à vieillir.
Ma peau est lourde de rêves en devenir qui frémissent dans
mon sang.
Deux virgules violacées témoignent de mes nuits sous des yeux
brouillés un rien hallucinés.
Tout mon corps s'arrondit en réponses à mes compulsions, mon
cœur tente le silence, ma bouche essaie la parole...
Et mes mains... Mes mains tremblent.
Placide comme l'eau dormante, mon sang même se tarit dans mes
poumons ; l'air, l'air se raréfie, j'aspire des goulées de fumée
ambrée ; je me regarde dans un ciel sans tain...
Et je prie pour la pluie.
Il m'a dit autrefois que j'avais des étoiles sous les ongles
Et moi j'ai continué à gratter le sol
Dans l'espoir idiot de les déterrer enfin
Ses foutues étoiles.
Je suis un point de suspension au bout de la ligne,
Flanquée au bord du néant.
Chaque fois que reviennent les aurores dorées, que l'air
s'alourdit de souvenirs en forme de parfums, que la vibration infime de la
lumière piégée par un feuillage neuf jette un éclat aquatique sur l'herbe,
Je suis vieille à nouveau.
Je suis pleine d'un millier de printemps semblables à
celui-ci, même si avril a des airs
D'apocalypse, même si le temps fatigué
d'attendre entend rétablir sa loi.
Dans mon ventre se nourrissent des créatures qui espèrent exister.
J'écoute, mais je n'entends rien, j'apprends, mais ne retiens
rien.
Et sur mes lèvres court encore le murmure d'un discours qui
ne m'appartient pas
Je flanche – un genou en terre, je demande grâce.
Anonyme, je creuse ma propre tombe au milieu de tous les
autres.
Un orage l'aura balayée, car en vain l'on construit sa maison
sur les fondations du Déluge.
J'écoutais cette même musique en un temps qui appartient déjà
à l'Autrefois, dans la nudité atroce d'une chambre d'emprunt. Elle éveillait la
même fureur vaine et sublime. Elle couchait les mêmes espoirs sur le papier. La
beauté de l'inutile, de l'absence, du vide.
Je voudrais déplier ma peau et mes veines, les millions
d'alvéoles de mes poumons, les milliards de capillarités de mon intestin – et
tout remplir de lumière pure.
Vivre avec l'impression perpétuelle que l'on va mourir, c'est
peut-être cela, au fond, vivre.
J'entends au fond de moi la silence de l'espace. Ce silence
antique qui est la parenthèse, l'écho, et la fin de l'existence. Ce silence
dans lequel s'évanouissent les promesses de l'aube.
Sa froideur possède les tristes richesses d'une oasis que
l'on espère plus.
Un crépuscule de mars bat des ailes à ma fenêtre. En moi, un
vaste silence alors même que la musique se déverse, impétueuse, en trombes dans
ma tête.
Je voudrais m'étendre sous le ciel dans l'herbe parée de
pluie, accueillir le souffle de l'océan, miroiter d'autres univers.
Je ne peux imaginer que des aubes
trempées de pluie. La lumière, diffractée, énumérée,
multipliée, répétée, scandée, dans les gouttes de pluie. Le
javelot du premier rayon de soleil fiché sous les ténèbres moites
du ciel. Parce que je n’arrive bien à voir la beauté du jour que
lorsqu’elle cherche à devancer l’obscurité. Lorsqu’elle se
précipite. Lorsqu’elle se déverse à travers la blessure.
Toujours fuyante, paradoxalement, toujours conquérante.
Quand j’étais gamine, je me postais
aux aurores sur le radiateur de la salle de bain sur lequel les
parents laissaient une serviette pour Lisey. Peut-être notre chat
noir m’a-t-il accompagné dans cette contemplation muette quelques
fois. Peut-être m’a-t-elle regardée griffonner mon carnet quand
j’essayais de poser des mots sur les jeux de lumière dans les
arbres. Quand j’essayais de cerner la façon dont les ombres
s’arrachaient au monde. Ou bien est-ce que c’était le jour qui
les déracinait ?
Je ne sais plus...
Je me rappelle ma chambre bleue et
obscure, plein nord. Je me rappelle mes nuits d’enfant pleines de
cauchemar. Je me rappelle cinq heures du matin. L’heure bleue,
suspendue entre la nuit et le jour. Le silence qui régnait au sein
de cette heure-là, et qui aurait été oppressant si je n’y
entendais pas le ronronnement sourd de la N10 en musique de fond. Et
au premier plan, un merle solitaire.
Il me prévenait que le soleil ne
tarderait plus à émerger. J’ignore pourquoi, mais il y a eu un
merle dans tous les matins de ma vie. C’était le signal. La fin
des sueurs froides. Car toutes les histoires et toute l’affection
du monde ne m’empêchaient pas, à trois heures du matin, d’avoir
l’impression que les ténèbres avaient gagné pour de bon. Le
monstre était dans mon armoire et c’était un extraterrestre. Le
monstre était dans ma tête et c’était une maladie foudroyante et
fatale. Le monstre était au-dessus de ma tête et c’étaient mes
parents qui ne dormaient pas.
Il n’y avait qu’un seul endroit
dont je ne me méfiais pas, la nuit, et il était de l’autre côté
du couloir, juste avant la salle de bain. C’était l’endroit où
elle me racontait des histoires, la nuit avec un bouquin, comme celui
qui décrivait l’histoire de Plume l’ours blanc et sa dérive
fantastique à bord d’un bout de banquise, et celles qu’elles me
racontaient le matin avec nos forteresses de Playmobils, avant que
les parents ne soient levés.
Tout le reste de la maison était
piégé. Une fois, j’ai regardé Freddy, Les Griffes de la Nuit,
le premier, avec ma meilleure
copine. J’étais terrorisée. Quand j’ai entendu du bruit dans
l’escalier à l’étage, M. m’a demandé si c’était mon père.
J’ai répondu : « J’espère que oui. » Papa
était rentré dans l’armoire avec l’extraterrestre. Longtemps il
a erré dans mon imaginaire avec Jack Torrance. Sans doute aussi en
compagnie des pirates dans le vestibule et des ours au fond du jardin
qui ont grandi dans un imaginaire trop partagé avec la locataire de
l’autre chambre, au bout du couloir, pour savoir si ce sont mes
rêves ou les siens.
Plus
tard, j’ai perdu la magie de l’aurore. Quand elle survenait, elle
signifiait certes le terme de la nuit, mais pas la fin du cauchemar.
L’aurore arrivait et j’avais perdu la bataille. L’aurore était
blanche, blême, impitoyable. Il n’y avait plus de merle. La venue
de jour était accompagnée d’une cohorte de fantômes braillards
qui ne se contentaient pas de m’annoncer mon échec, mais qui
venaient me le hurler aux oreilles. Le silence n’était plus. La
lumière grondait.
Je ne
sais plus à quoi ressemblent les aurores. Elles sont bariolées de
mauvais rêves, de désirs avortés, de culpabilité, d’espoir, et
parfois elles prennent la couleur de la redition. Blanches.
Terriblement blanches. Parfois, elles prennent la couleur du désir.
Rouge vif, rouge sang. Parfois, elles sont indifférentes et grises.
Le plus souvent, je ne les vois pas. Je n’en suis plus témoin, à
dormir d’un sommeil épais, ma conscience anéantie, même pas à
la recherche de songes. Une conscience sabotée soigneusement, en
attendant un moment plus propice pour qu’elle émerge.
Je
sais seulement qu’en 2019, j’aimerais revoir les vraies couleur
de l’aube. Parce que, parfois aussi, l’aube ressemble à un bout
de route déployé sous la pluie, et un fragment de soleil. Comme ça.
"Rentrez en vous-même. Cherchez la raison qui, au fond, vous commande d'écrire ; examinez si elle déploie ses racines jusqu'au lieu le plus profond de votre coeur; reconnaissez-le face à vous-même : vous faudrait-il mourir s'il vous était interdit d'écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit : dois-je écrire ? Creusez en vous-même vers une réponse profonde. Et si cette réponse devait être affirmative, s'il vous est permis d'aller à la rencontre de cette question sérieuse avec un fort et simple "je dois", alors construisez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'à son heure la plus indifférente, la plus infime, doit se faire signe et témoignage de cette poussée." Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète.