Je crois
que je suis sur la bonne voie, même si j’ignore toujours la nature de cette
voie, de l’épreuve, et de la solution. Je continue à explorer, à réfléchir,
troublée par le fait que tout ce que je tente d’apprendre ne fait qu’augmenter
ma confusion. On dirait une sorte de crise existentielle comme la fameuse crise
de la quarantaine, ou la crise d’adolescence. Profonde, déstabilisante… Mais je
reste persuadée qu’elle n’est pas vaine, que quelque chose grandit dans le
noir. Si c’est le sens que je veux lui donner, après tout, il sera tout aussi
valable qu’un autre. Je n’ai rien perdu de ma détermination, de mon désir, de
mon amour pour la liberté. Tout cela est simplement pris dans la gangue de l’incertitude,
et je cherche mon chemin à tâtons… C’est pourquoi le recours à l’art n’est pas
une torture inutile mais un moyen pour accomplir une fin. Me faire mal m’aide à
formuler, à faire exister les émotions et pensées vagues qui courent dans ma
tête. Cette nuit j’ai rêvé que j’étais à la porte fenêtre d’un appartement,
pour fumer une cigarette. Il fait nuit. Je vois un jeune homme passer sur le
trottoir d’en face, je lui fais signe et lui demande du feu. Je suis un peu
surprise de voir qu’il acquiesce en souriant et commence à avancer dans ma
direction. Un sentiment de malaise m’envahit et je m’aperçois que les
lampadaires se sont éteints. L’obscurité est totale, et au même moment, j’entends
des gens s’approcher par la droite, tout un groupe qui rit et murmure, et je
suis soudain terrifiée. J’essaie alors de reculer pour fermer la porte et
rentrer dans l’appartement, mais je n’arrive plus à bouger, et je suis toujours
paralysée lorsque je sens des mains se poser sur moi, et que j’entends ce rire
malsain et bizarre. Je me réveille dans la panique.
J’ai écrit
par-ci, par-là, avec la sensation de creuser des tunnels. Le soir qui me
terrifiait tellement avant en ce moment m’apporte une certaine paix. J’écoute,
je suis aux aguets du vent qui tourne. Pendant longtemps je me suis dit que la
devise des Stark était une bonne philosophie. Mais je crois que l’hiver est
enfin arrivé.